L’auteure réagit au texte d’opinion « Cette nouvelle idéologie qui efface les filles et les femmes », de Michèle Sirois, publiée le lundi 3 juillet.1

En 2023, on note de plus en plus une montée de la haine envers les membres de la communauté LGBTQIA + et plus particulièrement envers les personnes transgenres, comme plus récemment le meurtre en plein jour de l’adolescente Brianna Ghey2 au Royaume-Uni. Il y a aussi Elon Musk, dirigeant incendiaire de Twitter, qui a récemment déclaré que le mot « cisgenre » serait désormais jugé dérogatoire sur sa plateforme.3

Cela soulève des questions urgentes sur la présence de la liberté d’expression sur cette plateforme reconnue pour sa vaste diversité d’opinions qui a permis, pendant longtemps, à plusieurs communautés marginalisées d’apprendre à exister sans le jugement pernicieux de la conformité de la majorité. Ce sont juste quelques exemples d’un phénomène beaucoup plus large cherchant à réduire tout droit qui a été acquis durant les dernières années pour cette communauté.

Il est difficile de voir une membre d’un organisme féministe influent s’attaquer à la communauté transgenre et croire qu’elle pourrait nuire aux droits des femmes. Ce n’est pas en utilisant le mot « personne », que la réalité des femmes va s’effacer du jour au lendemain. L’affaire judiciaire qu’elle mentionne date d’un temps où le mot « personne » n’incluait pas le mot femme alors qu’aujourd’hui cela inclut tous les individus : hommes, femmes, personnes non binaires, transgenres et compagnie.

À constamment viser cette communauté et faire croire qu’elle s’attaque aux jeunes filles, cela renforce un stéréotype du prédateur très en vogue dans les sphères conservatrices.

Il est aussi très important de souligner que les nombreuses sources données par l’autrice mentionnent uniquement des anecdotes qui sont séparées de la réalité. En effet, on pourrait croire à une montée des transitions de genre depuis les quinze dernières années alors que les personnes concernées existent de puis bien avant que le grand public ait pu en avoir conscience. Sans oublier qu’il y a seulement 0,33 % de gens qui s’identifient comme transgenres et non binaires dans tout le Canada en 2021.4 Cela reste une faible minorité qu’il est important de prendre en compte et d’utiliser son esprit critique pour distinguer ce qui est du fait et de la simple anecdote.

C’est pour cela qu’une éducation est nécessaire sur ces sujets, et ce, même dès le plus jeune âge. Pas pour les endoctriner et leur faire croire qu’ils sont nés dans le mauvais corps, mais plutôt pour qu’ils se sentent à l’aise d’être ce qu’ils désirent. Une fille qui s’habille en bleu qui veut devenir électricienne, un homme habillé en rose qui veut devenir un infirmier, une personne non binaire qui veut étudier en économie. C’est pour cela que ces cours sont offerts dans le programme d’éducation québécois et doivent le rester. Pour que chaque individu puisse être ce qu’il souhaite être tout en se sentant accepté dans son environnement. C’est fondamental, c’est ce qui rend chacune de nos vies, plus douces, meilleures, dignes de ce que nous méritons.

J’espère sincèrement que davantage d’individus iront se renseigner avant de crier sur tous les toits que les personnes transgenres sont le problème qu’il faut craindre. J’ai eu une chance incroyable d’avoir des personnes queers et transgenres sur mon chemin, qu’elles y ont apporté des couleurs que je n’aurais jamais pu voir seule. Chacune pourrait vous dire qu’elles veulent seulement être écoutées, respectées. Aujourd’hui nous avons la chance d’avoir des organismes qui servent à éduquer et à interroger nos propres angles morts face à ces questions importantes qui vont continuer d’être présentes dans les années à venir. À chacun d’entre nous d’être un exemple d’ouverture pour ce qui nous est inconnu.

1. Lisez le texte d’opinion de Michèle Sirois 2. Consultez le reportage de NBC News (en anglais) 3. Consultez l’article de Elle France 4. Consultez l’article publié dans Fugues Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion