C’est à titre de présidents de trois associations médicales, mais surtout en soutien à nos collègues, les technologues en radiologie, en radio-oncologie et en médecine nucléaire, que nous écrivons cette lettre. Nous prenons la parole par solidarité avec nos collègues qui quittent le système de santé publique faute de reconnaissance. La pénurie de technologues laisse place à une situation alarmante dans nos départements ainsi que dans plusieurs des centres. C’est pourquoi nous souhaitons insister sur l’urgence de cet enjeu.

Il y a un peu plus de 20 ans, les personnes atteintes de cancer devaient être traitées aux États-Unis, loin de leur famille, en raison d’une pénurie de technologues en radio-oncologie. L’été dernier, un manque de ces mêmes technologues a occasionné des bris de services dans quelques centres de radio-oncologie en Outaouais, ce qui a eu pour conséquence une réorganisation des corridors de service et le déplacement de patients à l’extérieur de leur région.

Aujourd’hui, tandis que la province se prépare pour la saison estivale, certaines Québécoises verront leurs rendez-vous pour leur examen annuel de dépistage du cancer du sein repoussé. C’est le cas notamment à l’hôpital de Maniwaki où il y a actuellement plus de 800 requêtes en attente, tandis que le service est interrompu pour une durée indéterminée en Minganie. Les patientes touchées par le manque criant de technologues devront donc voyager plus loin pour une simple mammographie qui les rassurera, ou pour recevoir un diagnostic précoce.

Au centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de l’Outaouais, la situation est encore plus préoccupante : le service d’imagerie médicale du CLSC Petite-Nation a dû fermer entièrement.

La pénurie risque de s’aggraver, alors que plus du tiers des technologues envisagent de quitter le secteur public dans la prochaine année. Notre système de santé a perdu de nombreux technologues dans les derniers mois au profit d’autres provinces et d’autres domaines que celui de la santé. 

Leurs conditions de travail sont insuffisantes : le système actuel n’est pas en mesure de les garder auprès des patients et d’attirer la relève nécessaire pour répondre aux besoins de la province.

Et le Québec tout en entier doit être alerté.

Du dépistage au traitement : un parcours technologue-patient

Les technologues sont les professionnels de la santé qui permettent une prise en charge rapide, des diagnostics exacts et des traitements efficaces. Bien plus qu’une présence rassurante, ils opèrent les différents appareils permettant de faire un diagnostic (radiographie, échographie, IRM, scintigraphie, etc.) dans les délais requis. De même, les technologues accompagnent et administrent les traitements pour le cancer au département de radio-oncologie.

Sans technologues, il s’agit de dizaines de milliers d’examens en radiologie et en médecine nucléaire qui ne pourront être assurés et des centaines de traitements de radiothérapie qui ne pourront être administrés.

Au cours des dernières années, les technologues ont été sollicités pour maintenir le réseau à bout de bras. Or, leur contribution n’a pas été reconnue à la hauteur de leurs efforts. Contrairement à d’autres professionnels en santé, peu d’entre eux ont obtenu une prime les remerciant pour leur présence durant la pandémie ; peu d’entre eux ont obtenu les louanges qu’ils méritent. Nous les comprenons d’être épuisés et désenchantés.

Dans l’immédiat, il est primordial que le réseau de la santé reconnaisse ces professionnels comme un maillon fort des équipes multidisciplinaires, et qu’il agisse en conséquence. Rendu à ce stade, ce ne sera toutefois pas suffisant : le réseau de l’éducation devra déployer davantage d’efforts afin de faire rayonner leur profession et d’attirer de nouveaux technologues vers les bancs d’école. Cette profession est trop importante pour l’ensemble de la société et l’avenir du système québécois de la santé – il est urgent de lui rendre ses lettres de noblesse !

* Association des radiologistes du Québec, Association des médecins spécialistes en médecine nucléaire du Québec et Association des radio-oncologues du Québec

Une version antérieure de cette lettre ouverte indiquait erronément les titres de nos signataires, nos excuses.

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