Des technologues en imagerie médicale du CHU Sainte-Justine sont à bout de souffle. Avec le manque de personnel, les heures supplémentaires et les départs pendant la saison estivale, elles craignent que la situation devienne intenable.

Ce qu’il faut savoir

  • Des technologues en imagerie médicale du CHU Sainte-Justine sont exténuées en raison d’une lourde charge de travail causée par le manque de personnel.
  • La situation affecte la qualité des soins prodigués aux enfants, estime une technologue.
  • Le manque de valorisation et les conditions de travail nuisent à la rétention du personnel, soutient un syndicat.

Chaque jour, ces spécialistes utilisent une panoplie de technologies allant de l’échographie à l’imagerie par résonance magnétique pour trouver la cause des maux des tout-petits.

Cette profession est « indispensable au bon fonctionnement d’un hôpital », lance la vice-présidente de la Fédération des professionnels (FP-CSN), Jessica Goldschleger. « Sans diagnostic, on n’est pas capable de faire des traitements. »

Mais dans les dernières années, des technologues ont quitté la profession et l’hôpital peine à en recruter de nouvelles, observe la technologue en imagerie médicale au CHU Sainte-Justine Audrey Simon.

On a beaucoup de difficulté à recruter des technologues intéressées à venir travailler en pédiatrie, car il faut amener les enfants à collaborer pour que l’examen se passe bien. C’est une charge de travail de plus.

Audrey Simon, technologue en imagerie médicale au CHU Sainte-Justine

Les horaires, qui combinent des quarts de jour, de soir et de nuit, compliquent davantage la situation, note-t-elle.

À tel point que depuis décembre, les technologues de Sainte-Justine doivent travailler obligatoirement et à tour de rôle sur des quarts de nuit, et ce, au moins jusqu’en septembre prochain. « Peu importe l’ancienneté, le poste auquel tu es affecté ou la spécialité, tout le monde doit faire des nuits de travail », dit Mme Simon.

Des conséquences sur les enfants

L’épuisement des équipes médicales affecte la qualité des soins prodigués aux enfants, estime Audrey Simon. « On manque de temps accordé aux patients, parce qu’on fait autant d’examens qu’avant, mais avec la moitié du personnel. »

La situation compromet la sécurité des jeunes patients, juge-t-elle, car le personnel est moins disponible pour assurer une surveillance adéquate. « On est vraiment en crise. C’est le cas pour bien d’autres centres à travers la province. La quantité d’offres d’emploi que je reçois pour être technologue ailleurs est incroyable. Il en manque partout ! », s’exclame-t-elle.

De son côté, le CHU Sainte-Justine soutient qu’il « met tout en œuvre pour offrir les meilleurs soins sécuritaires aux patientes et patients tout en s’assurant du bien-être de ses employés ».

Pour attirer de nouveaux étudiants dans ce domaine, Audrey Simon estime qu’il est primordial de faire connaître la profession.

On se fait appeler infirmière, on se fait appeler docteure, on se fait appeler toutes sortes de noms sauf technologue en imagerie médicale. Les gens ne connaissent pas la profession.

Audrey Simon, technologue en imagerie médicale au CHU Sainte-Justine

Sans une meilleure visibilité et connaissance de la profession, il est difficile d’attirer de nouveaux technologues, renchérit Jessica Goldschleger. « Tout le monde connaît le métier d’infirmière, mais les technologues en imagerie médicale, on ne les voit pas beaucoup et on ne voit pas à quel point elles sont indispensables. »

Le CHU Sainte-Justine dit avoir mis en place plusieurs initiatives pour recruter du personnel, notamment en assurant une présence aux salons et aux marchés de l’emploi, ainsi que par la publication de vidéos promotionnelles et l’affichage de postes.

De meilleures conditions

Pour éviter de perdre davantage de technologues, au profit du secteur privé notamment, les conditions de travail des employés doivent également être améliorées, juge la Fédération des professionnelles (FP-CSN).

En travaillant dans le secteur public, il est inévitable de faire des quarts de travail en soirée et la nuit, dit Jessica Goldschleger. « C’est normal, parce qu’on a une obligation d’assurer la santé et la sécurité de la population. » Pour retenir le personnel, « il faut toutefois que les autres conditions soient meilleures qu’au privé », estime-t-elle.

Plusieurs cliniques de radiologie privées ont ouvert leurs portes récemment et sont opérationnelles en semaine uniquement. « Ça devient très attirant sinon d’aller dans le privé et d’avoir un horaire du lundi au vendredi et d’avoir ses fins de semaine avec ses enfants », ajoute-t-elle.

Elle souhaite que le secteur public soit plus attrayant. « En ce moment, le secteur privé est particulièrement attirant avec ses conditions, donc on doit être plus compétitif », dit Mme Goldschleger. Elle déplore toutefois que les négociations avec le gouvernement « n’avancent pas très vite ».