À la fin de l’été 2023, le cycle politique de l’élection présidentielle américaine de 2024 débutera officiellement.

Ce cycle débutera autour du 23 août, alors que se tiendra le premier débat à la veille de la saison des primaires chez le Parti républicain. Déjà, on prévoit des surprises. Certaines candidatures républicaines risquent de ne pas se qualifier. Puis, le meneur actuel, Donald Trump, n’a pas encore confirmé sa participation.

Chez les démocrates, on ne prévoit pas de tension interne, mais il faut prévoir que le président Biden sera visible cet été, dans l’objectif de faire valoir son bilan. Avec un taux d’approbation oscillant autour des 40 %, il doit être très actif et présent dans les médias.

Il faut noter que les récents jugements de la Cour suprême des États-Unis ont certainement donné de la matière pour nourrir les débats à venir.

Il y a un an, la Cour a causé tout un émoi en infirmant un jugement vieux de 50 ans, Roe c. Wade, qui garantissait l’accès à l’avortement. Cette décision fut un facteur important et influent de la mobilisation de certaines parties clés de l’électorat et du résultat du vote des élections de mi-mandat de novembre dernier, avec comme résultat que les démocrates s’en sont mieux sortis que ce qui était alors anticipé.

La Cour suprême et la politisation de la justice

Récemment, la Cour suprême s’est également prononcée sur certaines questions délicates. Notamment, les jugements contre l’action positive en matière d’éducation universitaire, limitant les droits de la communauté LGBTQ+ et annulant le programme de remboursement de la dette étudiante mis sur pied par le président Biden, ont provoqué des réactions prévisibles chez les républicains et les démocrates.

Le Parti républicain a salué les décisions de la Cour et le Parti démocrate a condamné le biais de cette dernière. Dans ces trois cas précis, une majorité de six juges contre trois a tranché et le président Biden s’est permis d’exprimer son désaccord en conférence de presse. Il a même décrit le plus haut tribunal au pays comme « pas normal ».

Ainsi, il est clair que la nature des récents jugements de la Cour suprême a l’effet de politiser le rôle de cet organe central du pouvoir judiciaire américain. Le biais conservateur de l’instance, renforcé par la nomination de trois juges de convictions ultraconservatrices par l’ancien président Trump, soit Neil Gorsuch, Brett Kavanaugh et Amy Coney Barrett, alimente la controverse dans la classe politique.

Il est encore difficile de prédire l’impact de ces trois jugements sur la mobilisation de l’électorat et de déterminer quel parti en profitera, mais il est clair que cela renforce le contexte de politisation de la justice mis en place par le jugement de l’an passé contre l’avortement.

L’objet de ces jugements fera assurément partie des débats en vue de la présidentielle de 2024.

Autres grands enjeux en vue de 2024

Chez les républicains, les récents sondages indiquent clairement que l’ancien président Trump est le meneur de la course à l’investiture. Malgré ses récents déboires avec la justice et la possibilité que d’autres inculpations puissent surgir, notamment relativement aux évènements du 6 janvier 2021 et à la présidentielle de 2020, Donald Trump continue d’augmenter son avance sur ses adversaires de façon marquée.

La question qui reste à déterminer : est-ce que son avance, chez son parti, pourra l’aider auprès des électeurs indépendants en vue de se faire réélire à titre de président ? Les mêmes sondages démontrent qu’il est vulnérable à ce chapitre.

Ainsi, le doute persiste et on peut supposer que les Américains auront droit à une course remplie de tensions lors des primaires qui débutent à l’automne. Il reste que M. Trump demeure l’homme à battre pour ses adversaires au sein du Parti républicain, car il a la capacité de dominer l’actualité.

Comme à toutes les élections, on peut s’attendre à ce que la question de l’économie soit déterminante.

Chez les démocrates, le bilan de Joe Biden paraît solide, mais le taux d’inflation reste élevé même s’il est en baisse depuis près d’un an, et cela est perceptible dans le quotidien des Américains.

Autrement, le taux de chômage est bas, le programme d’infrastructures mis sur pied par le président démocrate fonctionne bien, et le secteur manufacturier est en pleine croissance. Or, plus de 60 % des Américains sont insatisfaits du président Biden et de sa gestion de l’économie. C’est un facteur non négligeable pour sa réélection.

Bref, le nouveau cycle électoral se caractérise par un climat de polarisation alimenté par le pouvoir judiciaire et touchant des enjeux démocratiques. Tout cela se produit dans le contexte où la majorité des Américains ne veulent pas d’une reprise du duel de 2020 entre Biden et Trump. C’est à suivre l’automne prochain !

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion