Nous observons avec une profonde préoccupation l’écart considérable entre la promesse du gouvernement de mettre fin à l’utilisation du fax (télécopieur) dans le réseau de la santé d’ici 2023 et la réalité sur le terrain. En effet, nous observons toujours que près de 80 % des communications en santé se font encore par support papier.

Nous savons donc d’ores et déjà que la fin du fax dans le réseau ne se réalisera pas en 2023. Le gouvernement se doit tout de même de poursuivre sa transition technologique en santé et aurait avantage à mettre sur pied une réelle stratégie de gestion de l’information pour éviter des écueils majeurs.

En tant qu’association représentant les archivistes médicaux du Québec, nous soutenons qu’il est impératif de mettre en place un système de communication électronique efficace pour éliminer progressivement l’utilisation du fax.

Cette mesure faciliterait grandement les échanges d’information entre les divers acteurs du réseau de la santé et contribuerait à une meilleure coordination des soins.

Il est par exemple alarmant de constater que, dans certains établissements de santé, le fax est encore largement utilisé pour les communications entre les différents étages, simplement parce que les numéros sont déjà préprogrammés, rendant cette méthode plus pratique que l’envoi par courriel.

Pour ce faire, une approche stratégique de gestion de l’information lors de tout changement technologique sera nécessaire. Nous ne pouvons pas ignorer les écueils majeurs qui peuvent survenir si nous n’adoptons pas une vision globale et bien planifiée de cette transition.

En février 2023, nous avons eu l’occasion de présenter nos préoccupations lors d’une commission parlementaire sur les renseignements de santé, relevant l’importance des archivistes médicaux pour contribuer au succès du virage numérique du système de santé et des services sociaux. Nous y avions fait valoir que la modernisation du système d’information des données en santé est essentielle pour permettre aux patients de transmettre aux professionnels et aux gestionnaires de la santé des données médicales complètes les concernant, et ce, en temps réel.

L’Association des gestionnaires de l’information de la santé du Québec (AGISQ) souhaite en ce sens rappeler au gouvernement l’urgence de réformer la profession d’archiviste médical afin d’accompagner efficacement cette transition technologique dans le secteur de la santé. En effet, il est primordial que nos archivistes médicaux soient formés et préparés adéquatement pour garantir le bon déroulement de cette transition et maintenir une gestion fluide de l’information médicale.

Investissements nécessaires

Pour véritablement moderniser le système de santé et améliorer la circulation de l’information médicale, il faudrait investir annuellement 2 milliards de dollars pendant 10 ans pour mettre en place l’un des systèmes informatiques les plus performants au monde. Cela diffère considérablement des 700 millions de dollars initialement prévus par le gouvernement.

Nous tenons également à souligner que, bien que des projets pilotes pour le Dossier santé numérique (DSN) – qui vise à améliorer l’efficacité et la sécurité des infrastructures du réseau – soient en cours au CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal et au CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, il faudra encore plusieurs années avant que cette initiative soit déployée à l’ensemble du réseau de la santé.

Enfin, le gouvernement doit prendre des mesures concrètes pour mettre fin à l’utilisation généralisée du fax dans le domaine de la santé. Il est temps d’agir pour moderniser notre système de santé et favoriser une meilleure coordination des soins. L’AGISQ est prête à travailler en collaboration avec le gouvernement et toutes les parties prenantes pour réaliser cette vision et offrir aux Québécois des soins de santé plus performants et adaptés aux enjeux du XXIsiècle.

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