Les mêmes titres reviennent chaque année dans l’actualité : « L’été s’annonce difficile dans les urgences du Québec en raison de la pénurie de personnel et de l’absence de ressources adéquates pour appuyer les congés des patients rétablis. »

Une solution existe pourtant pour éviter que notre système de santé québécois soit trop centré sur l’hôpital. Ce sont les soins à domicile. Malheureusement, ces soins sont loin d’être performants au Québec. Mais avec la technologie appropriée, on pourrait y instaurer une mini-révolution et renforcer les activités du réseau en dehors des hôpitaux.

À la lecture des conclusions du deuxième tome du rapport de la Commissaire à la santé et au bien-être paru cette semaine et portant sur la performance des soins à domicile au Québec, il est évident qu’un plan précis est nécessaire pour répondre aux 20 562 personnes actuellement en attente d’un premier service de soins à domicile dans la province. Avec le vieillissement de la population, la demande de soins à domicile augmente de façon importante chaque année et nous nous devons de bonifier et optimiser les soins à domicile dans toute la province, dès cette année.

Réduire les hospitalisations

D’abord, tout le monde en conviendra, les soins à domicile répondent à une demande de la majorité des aînés qui souhaitent rester chez eux et constituent l’avenir des soins de santé, autant ici qu’ailleurs dans le monde. Dans tous les pays où mon entreprise opère, les autorités recentrent l’organisation de leurs soins de santé pour favoriser les soins et le soutien directement chez le patient. On réduit ainsi le nombre d’hospitalisations, on évite les retours à l’hôpital, tout en augmentant la capacité hospitalière pour les cas le nécessitant vraiment.

Malgré la volonté du Québec de suivre cette voie et de développer l’offre de soins à domicile, on constate que l’organisation actuelle fait grandement défaut et peine à combler tous les besoins.

La Commissaire à la santé et au bien-être observe notamment que :

  • « Les profils d’intervention des usagers sont très variables d’un territoire à l’autre ».
  • « La majorité des interventions se concentre sur peu de personnes ; ainsi, 10 % des usagers des soins à domicile reçoivent 70 % des interventions ».
  • « La proportion des heures travaillées en contact direct avec l’usager pour les services professionnels et celle pour les soins infirmiers sont faibles, soit 25 % et 32 % respectivement ».

On en conclut donc que la province n’a pas une offre équivalente d’une région à l’autre et peine à répondre aux besoins de l’ensemble des patients. Pourquoi ? Parce que les systèmes en place, désuets, imposent aux préposés et aux infirmières de consacrer beaucoup trop de temps à remplir de la paperasse administrative plutôt qu’à donner des soins.

Changement

Les soins à domicile sont mûrs pour l’ère de la technologie et des données intelligentes. Imaginez une plateforme propulsée par l’intelligence artificielle qui permet d’optimiser les horaires des infirmières en maximisant leur trajet de la journée, d’associer les besoins des patients aux bons préposés, d’assurer toute la documentation des visites directement dans cette plateforme, mais aussi, d’extraire des données en temps réel sur la gestion de toutes les visites en soins à domicile partout au Québec.

Cette technologie existe et est utilisée dans les autres juridictions au Canada et ailleurs dans le monde, ainsi que par la majorité des entreprises de soins à domicile au pays. En l’étendant à l’échelle de la province, c’est ainsi que le Québec pourra développer une stratégie fiable en soins à domicile qui créera de la capacité de soins pour s’attaquer immédiatement à la longue liste d’attente, tout en appuyant les hôpitaux dans leurs efforts pour ramener les patients chez eux, dans un contexte sécuritaire et encadré.

Les autres provinces au pays ont depuis longtemps effectué le virage des soins à domicile, qu’attendons-nous pour lancer notre propre démarche nationale de modernisation ? Qu’attendons-nous pour automatiser les tâches administratives et répétitives des infirmières et leur permettre d’augmenter leurs visites à domicile ? Ne devrions-nous pas mettre fin à leurs déplacements inutiles en concentrant tous leurs dossiers patients à un seul endroit ? Ce sont des solutions simples qui permettent, ultimement, que chaque patient puisse rester à la maison autant qu’il le souhaite.

Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, où chaque ressource est précieuse, prenons soin de nos professionnels et de leurs conditions de travail en valorisant leur rôle à domicile.

Il est possible d’humaniser les soins à domicile grâce aux technologies et aux données. Pourquoi ne pas en profiter ici aussi ?

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