Tous les sondages l’indiquent clairement : Donald Trump est le favori pour remporter l’investiture républicaine pour la candidature du parti à la présidence des États-Unis en 2024. Malgré ses nombreux déboires judiciaires, dont la liste est susceptible d’allonger, et en dépit des défaites électorales encaissées lors des trois derniers scrutins, force est de constater que Trump a réussi à augmenter ses appuis de façon marquée au fil des dernières semaines.

Cela étant dit, il est prématuré de conclure que les jeux sont faits. Dans les différents sondages, on remarque qu’une majorité forte chez les républicains serait prête à considérer une solution de rechange à l’ancien président. Depuis quelques semaines, certaines candidatures ont été annoncées et plusieurs autres candidats potentiels sont en réflexion.

Compte tenu de l’avance actuelle de Trump et du militantisme dévoué de ses supporteurs (l’aile MAGA, pour « Make America Great Again »), ainsi que des règles du parti qui imposeront la pluralité des votes pour l’obtention de la victoire plutôt que la majorité durant les primaires de 2024, on comprend que Trump a tout avantage à voir un grand nombre de candidats se présenter sur la ligne de départ. Présentement, sept candidatures sont en lice.

Deux candidatures de marque

Tout récemment, le sénateur de la Caroline du Sud, Tim Scott, et le gouverneur de la Floride, Ron DeSantis, ont officiellement déclaré leurs intentions de se présenter à la présidence en 2024.

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Tim Scott, sénateur de la Caroline du Sud et candidat à l’investiture républicaine

Le cas de Tim Scott est particulièrement intéressant, car il est le seul candidat noir dans la course, et parce qu’il propose des idées très axées sur ses convictions conservatrices. Son objectif est de faire une campagne de contenu qui aborde directement les enjeux politiques, et ainsi de provoquer un débat d’idées plutôt que de laisser la lutte des personnalités, une arène chère à Trump, dominer le débat.

Certains le décrivent comme l’Obama des républicains.

Hautement respecté et aimé par ses collègues du Congrès, peu importe les affiliations partisanes, Scott est perçu comme une candidature sérieuse malgré le peu d’appuis qu’il obtient actuellement dans les sondages.

Sur le plan du style, voilà assurément un candidat à l’opposé de Trump !

Son histoire personnelle est émouvante. Issu d’une famille pauvre, élevé uniquement par sa mère, et ayant subi des difficultés dans sa jeunesse, Scott s’est fait élire à la Chambre des représentants et a éventuellement accédé au Sénat. C’est certainement un candidat qui pourrait influencer la nature de la course. Déjà certains stratèges le voient comme le choix idéal à la vice-présidence.

La candidature du gouverneur DeSantis sera particulièrement à suivre. Élu en 2018 comme gouverneur de la Floride par une faible marge de 1 %, il s’est fait réélire en 2022 avec une marge beaucoup plus confortable, cette fois de 19 %. Au début de l’année 2023, plusieurs grands donateurs et militants républicains voyaient en lui la relève de Trump.

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Ron DeSantis, gouverneur de la Floride et candidat à l’investiture républicaine

Depuis, les perspectives se sont compliquées pour DeSantis. De nombreux faux pas, y compris des propos maladroits sur la guerre en Ukraine, dans lesquels il a décrit le conflit comme une simple « dispute territoriale », nuisent à sa candidature. Notons aussi l’étrange croisade qu’il mène contre l’empire Disney, notamment au sujet d’un projet de loi touchant l’éducation. Cette hargne à l’endroit de l’un des socles les plus populaires de la culture américaine contemporaine le positionne bien loin du consensus social. Puis, il faut souligner que le lancement de sa campagne sur Twitter en compagnie d’Elon Musk fut un spectaculaire échec sur les plans technique et médiatique. Bref, les critiques ne manquent pas pour le gouverneur DeSantis.

Certes, DeSantis a des appuis et des moyens financiers pour faire la course, mais il doit réajuster son approche de fond en attaquant Trump plus directement. C’est d’ailleurs ce qu’il fait depuis quelques jours et cela pourrait transformer la nature de la course. Il demeure un adversaire redoutable et Trump le considère comme son principal rival.

L’entente Biden-McCarthy

Par ailleurs, le feuilleton sur le plafonnement de la dette semble tirer à sa fin avec l’entente survenue entre le président Biden et le président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy. C’est un compromis qui forcera un dénouement bipartisan. Biden et McCarthy devront donc rallier les troupes pour arriver à un résultat qui évitera la catastrophe financière. Bien sûr, il y a des mécontents dans les deux formations politiques, mais il est plus que probable que les répercussions négatives se fassent sentir davantage dans le camp républicain.

Trump n’a pas été un facteur ni un influenceur dans cette démarche. Bien au contraire, il laisse entendre qu’il fallait provoquer le défaut sur la dette pour forcer Biden à faire des concessions nécessaires à la position des républicains. Bref, cela contribuera assurément à la dissension chez les républicains.

Dans tous les cas, il est juste de prévoir que cette entente entre le leadership républicain et le président démocrate, combinée aux deux candidatures d’envergure dans le camp républicain, aura un impact important sur la course.

Pour l’instant, Trump reste le meneur, mais il est encore beaucoup trop tôt pour conclure qu’il sera le gagnant.

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