Dans les derniers jours, une nouvelle remise en question de la pertinence d’un monopole d’État pour la Société des alcools du Québec (SAQ) a marqué l’actualité. Heureusement, le gouvernement a fermé la porte à l’éventualité d’abandonner ce mécanisme. En donnant à l’État les guides des pratiques commerciales, cette décision suit les bonnes pratiques de gestion des produits pouvant nuire à la santé ou à la sécurité publique selon les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé.

Toutefois, la logique justifiant la décision est préoccupante : le ministre Eric Girard fait valoir les profits de 2,2 milliards que permet d’engranger la SAQ comme principal argument. D’ailleurs, la société d’État et les ministres des Finances, M. Girard comme quelques-uns de ses prédécesseurs, tendent souvent à surestimer les profits en omettant les méfaits sociaux et de santé de la substance, auxquelles la SAQ contribue par la publicité et les activités promotionnelles liées au prix des produits.

L’alcool coûte près de 3 milliards de dollars par année, au Québec, en coûts sociaux et de santé.

Dans sa Stratégie globale de réduction des méfaits liés à l’alcool, l’OMS réitère en effet l’importance de non seulement maintenir en place les monopoles étatiques de vente d’alcool, mais aussi de leur donner un mandat de responsabilité sociale. À l’heure actuelle, cette responsabilité sociale de la SAQ a une vision très limitée qui mériterait d’être repensée.

S’attaquer au conflit de rôles de la SAQ

Pour revoir les pratiques de la SAQ au service de l’intérêt général des Québécoises et Québécois, il faut d’abord revoir la mission et la gouvernance de la SAQ. À ce titre, la Société québécoise du cannabis (SQDC) est un modèle inspirant qui légitime l’absence de publicité, vise une disponibilité et un accès sécuritaire au cannabis et réinvestit les bénéfices en recherche et prévention, au profit de notre système de soins de santé.

Bien sûr, on ne parle pas de magasins ou de bouteilles neutres. Mais il y a de la marge de manœuvre ! Si vous avez déjà visité la LCBO en Ontario ou un magasin d’alcool du Nouveau-Brunswick, vous verrez qu’on est dans un monde à part avec les courriels promotionnels, les points Inspire, les bars de dégustation de certaines succursales, les rabais sur achats multiples, les balados SAQ, les publicités géantes sur les abribus et sur les façades des commerces, etc. Une remise en question ici est vraiment pertinente !

Il faut cesser d’être heureux de faire plus d’argent si c’est en contribuant à l’augmentation de blessures, maladies ou violences que les contribuables doivent payer en retour dans le système de soins, de services sociaux ou d’interventions policières. La SAQ doit redevenir l’instrument permettant de réduire les méfaits d’un produit tout en assurant un approvisionnement sécuritaire aux personnes qui souhaitent en consommer.

Compromettre la santé durable au nom du profit n’est pas acceptable.

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