Comme prévu, l’inculpation de l’ancien président Donald Trump dans la cause concernant l’actrice Stormy Daniels fait des vagues qui transformeront la prochaine course à la présidence. Candidat à la nomination républicaine depuis novembre dernier, Trump devient le premier président dans l’histoire américaine à se faire accuser au criminel.

Le 4 avril, Trump s’est présenté au palais de justice de Manhattan dans une atmosphère tendue et sous l’œil de tous les grands médias pour être officiellement accusé de 34 chefs criminels par le procureur de l’État de New York, Alvin Bragg. Ceux-ci consistent essentiellement à dénoncer la falsification de déclarations et de documents d’entreprise dans le contexte d’un paiement fait à Mme Daniels en échange de son silence.

L’ancien président a choisi de plaider l’innocence. Le soir même, de retour en Floride, il a livré un discours enflammé devant ses partisans en se présentant comme la victime d’une « chasse aux sorcières » et d’un pays où « la justice n’existe plus ».

C’était un discours typique de Trump où il s’est décrit comme la victime et dans lequel il a étalé une multitude de griefs contre la justice américaine et sa prétendue détérioration depuis sa défaite électorale. Ses attaques contre le procureur Bragg, le Parti démocrate ainsi que le président Joe Biden et son fils, Hunter Biden, étaient particulièrement féroces. Il s’est aussi décrit comme la cible du FBI et du département fédéral de la Justice.

Sans surprise, il a répété que le résultat de l’élection de 2020 n’était pas légitime. Puis, dans un élan de complotisme, il a martelé que « tout est fait pour l’empêcher de redevenir président » en 2024.

La réaction des républicains

Dans l’ensemble, le Parti républicain se rallie à la position de Trump. Le président de la Chambre des représentants, le républicain Kevin McCarthy, plusieurs autres élus du parti ainsi que six gouverneurs républicains ont remis en question la démarche du procureur de New York et son présumé parti pris contre Trump.

Le gouverneur de la Floride et adversaire potentiel de Trump à l’investiture républicaine, Ron DeSantis, la candidate Nikki Haley, l’ancien vice-président Mike Pence et d’autres républicains considérés comme modérés, comme le sénateur Mitt Romney, son ancien rival Jeb Bush et le gouverneur Chris Sununu du New Hampshire, se sont joints aux trumpistes pour remettre en question le bien-fondé et la pertinence des accusations provenant de l’État de New York.

De façon assez restreinte, il faut noter que certains se sont démarqués en critiquant Trump. L’ancien gouverneur républicain de l’Arkansas Asa Hutchinson a aussi annoncé sa candidature à la présidence en affirmant qu’un candidat accusé au criminel n’était pas la solution pour l’avenir du Parti républicain.

La seule ombre pour Trump fut le silence du leader de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell. Cela étant, il est juste de dire que Trump a renforcé sa position auprès de son parti à court terme. Depuis, son organisation clame avoir recueilli au-delà de 10 millions de dollars pour sa campagne à partir de la rumeur de son inculpation. Les sondages démontrent aussi une augmentation marquée de ses appuis auprès des militants républicains.

Trump devant la justice

Il est trop tôt pour conclure que Donald Trump va sortir gagnant de cette saga. Certes, il va continuer de se présenter comme la victime, et il est évident que ses adversaires au sein de son parti semblent présentement au dépourvu.

Mais contrairement à ses discours devant ses plus fervents partisans, à ses interventions intempestives dans les réseaux sociaux ou à ses entrevues avec le réseau Fox News, Donald Trump ne peut pas dicter ses préférences à un procureur, à un juge ou à un grand jury.

Au-delà des accusations qui ont été déposées contre Trump par la justice new-yorkaise dans cette affaire, plusieurs autres enquêtes sont actuellement en marche contre lui. Celles-ci incluent de possibles interventions pour changer le résultat des élections en Géorgie en 2020, la descente sur Mar-a-Largo pour récupérer des archives classifiées et d’autres sont liées aux événements du 6 janvier 2021. Si des inculpations émergent de ces enquêtes, des chefs d’accusation beaucoup plus sérieux pourraient être déposés, tels que l’entrave à la justice fédérale et d’éventuels autres crimes fédéraux.

Évidemment, il ne faut pas oublier que la présomption d’innocence existe dans tout ce qui se passe. Or, Donald Trump, qui vit dans un monde où il est habitué à contrôler tout ce qui tourne autour de lui, vient de se faire offrir une dose expéditive de réalité. Dans une démocratie où prime la règle de droit, la loi s’applique à tout le monde et personne n’a le contrôle du système judiciaire, même les anciens présidents. À preuve, il est maintenant un accusé devant la justice criminelle.

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