Les images des tremblements de terre qui ont ravagé le sud de la Turquie et le nord de la Syrie depuis le 6 février nous sont parvenues surtout de la Turquie. On le comprend lorsqu’on connaît le degré d’organisation de la société turque comparativement à sa voisine. Sans vouloir minimiser la souffrance des Turcs, il faut reconnaître que les Syriens n’avaient vraiment pas besoin d’une telle catastrophe.

Cinq millions de personnes sont aujourd’hui sans abri dans la zone sinistrée du nord-ouest de la Syrie. Comme en Turquie, tous les hôpitaux sont débordés, les infrastructures civiles sont gravement endommagées, l’accès à l’électricité, aux télécommunications, à la nourriture, à l’eau, au chauffage et aux soins médicaux est limité. Les tremblements de terre ont détruit des villages entiers, tué plus de 6500 personnes et blessé 10 000 personnes, selon les chiffres estimés par l’Organisation des Nations unies (ONU).

Cette catastrophe survient alors que le pays vit depuis 12 ans une grave crise humanitaire provoquée par une guerre qui a coûté la vie à plus de 300 000 personnes. Des villes importantes comme Raqqa, Alep Est, Deraa, Homs et Ghouta Est sont dévastées par les bombardements. Plus de quatre millions de Syriens dépendent de l’aide humanitaire et de l’assistance transfrontalière autorisées par le Conseil de sécurité de l’ONU.

Armes « actives »

Toutes les 20 minutes, un habitant est victime d’un des quelque 300 000 engins explosifs disséminés sur le territoire. À ce jour, ils sont près de 80 000 à avoir été tués ou mutilés, dont 91 % vivant dans des zones peuplées. Aujourd’hui, une personne sur quatre (24 %) vit avec un handicap. Il faudra des générations à la Syrie pour se débarrasser de ces armes « actives » qui contaminent les décombres, les rues, les maisons, les infrastructures publiques et les tunnels. Les récents tremblements de terre ont très certainement déplacé une partie de cette menace, notamment dans les décombres où travaillent les équipes de secours.

L’érosion de toute épargne et les prix exorbitants des produits de base provoquent de nouveaux déplacements de la population.

On estime que 15 millions de personnes ont besoin d’une forme d’aide alimentaire et agricole, soit l’équivalent de 68 % de la population. Par où commencer, tellement il y a à faire ?

Pendant ce temps, les bombardements, même sporadiques, se poursuivent. Pourtant, le 18 novembre dernier, à Dublin, 83 États ont adopté un accord visant à prévenir les souffrances humaines causées par ces bombardements. Ils se sont également engagés à aider les victimes et à mettre en place des mesures pour faire face aux impacts à long terme de la destruction des infrastructures civiles.

Aide humanitaire

Malgré cet espoir, l’heure est maintenant aux gestes concrets. La communauté internationale doit reconnaître la souffrance des Syriens de toute la région, dont les conditions de vie intenables ne font qu’accroître leurs besoins, et y répondre. Il faut davantage d’aide, d’accès et de financement. Nous saluons le gouvernement fédéral canadien qui a annoncé vendredi dernier une aide humanitaire supplémentaire de 20 millions de dollars à la Turquie et à la Syrie.

Rediriger des ressources et des fonds existants à partir d’autres parties de la Syrie ne fera que dresser les communautés les unes contre les autres tout en créant davantage de concurrence pour le financement humanitaire. Il faut éviter d’accroître les lacunes déjà trop nombreuses dans la réponse globale. Nous ne ferions qu’annuler les minces progrès vitaux déjà réalisés.

Consultez le site de Humanité et Inclusion Canada Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion