Les organisations sportives sont encore une fois montrées du doigt quant à la présence d’agissements déviants qui témoignent de mentalités d’une autre époque. En réaction à ce phénomène, une commission parlementaire sur la violence dans le hockey junior vient d’être créée par le gouvernement du Québec.

Or, d’entrée de jeu, tous les regards seront tournés vers les organisateurs sportifs. Nous croyons tous d’emblée que jamais ces sévices dégradants infligés à de jeunes enfants pendant des initiations n’auraient eu lieu s’il n’y avait pas eu d’aveuglement volontaire des organisations en place.

Donc logiquement, si nous voulons que de telles situations ne se reproduisent plus (ou du moins, diminuent), nous devions questionner et sanctionner les individus et leurs motivations qui les entraînent dans ce sillage délinquant. Et si nous faisions fausse route ?

Vers un changement de mentalité

Afin de mieux cerner ce phénomène de la violence dans les sports, nous devrions élargir notre perspective et reconnaître que nous sommes tous, vous et moi, à la fois victimes et responsables de la barbarie qui sévit dans le monde sportif. Car tant que nous serons consommateurs de ce produit (le hockey), les organisateurs ne se sentiront pas réellement concernés par le changement.

Pourquoi changer une formule quand elle rapporte ? Tant que nous remplirons les arénas et tant que nous irons porter nos enfants le samedi matin à leur entraînement (en contribuant à la petite caisse visant à régler des litiges sexuels hors cour), les organisateurs ne se sentiront pas concernés par le changement.

Et surtout, tant que nous ne réaliserons pas que les agissements toxiques des organisations sportives affectent directement la santé physique et mentale de nos enfants, rien ne changera dans nos mentalités.

En fait, vous pouvez faire des centaines de commissions d’enquête, rien ne changera à long terme sans ce changement de mentalité des consommateurs.

Il est indéniable que le jeu, les sports et les organisations sportives sont essentiels dans notre société, mais à quel prix ? Celui d’enfants humiliés et dévalorisés ? Nous ne sommes quand même plus au temps des gladiateurs romains.

L’humanisation des institutions

D’une façon globale, il faut donc changer notre mentalité en valorisant l’humain avant le bien-être que nous ressentons comme consommateurs. Et tant que nous ne mettrons pas à l’avant-plan les valeurs humaines (dans toutes les institutions qui nous encadrent), nous favoriserons l’action de structures institutionnelles déviantes. D’un point de vue humain, l’intégrité physique et psychologique des individus doit toujours avoir préséance sur les valeurs des institutions.

En fait, ce qui se passe actuellement est salutaire à notre évolution comme société.

La violence dans les sports doit être vue comme un « cadeau mal emballé » qui nous oriente vers de grands changements, espérons-le.

La commission d’enquête devrait donc en profiter pour se poser les vraies questions et en tirer de réels enseignements.

Nous devrions comprendre que toutes les institutions (tant politiques, juridiques, médicales que sportives) doivent servir à l’humanisation des structures sociales dans lesquelles nous vivons. Ce n’est donc pas aux individus de s’adapter et d’accepter les principes prônés par les organisations, mais bien aux institutions de s’adapter aux besoins humains fondamentaux. Ces mêmes besoins que nous avons depuis toujours, et qui se résument à vivre dans un environnement sain, respectueux et non violent.

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