Les retombées des élections de mi-mandat aux États-Unis commencent à s’atténuer. La nouvelle Chambre des représentants et son nouveau président, le républicain Kevin McCarthy, préparent la prochaine session en procédant à la formation des différents comités. Déjà, on voit que les nombreuses concessions de McCarthy pour décrocher la présidence de la Chambre laissent plus de marge de manœuvre à l’aile trumpiste du Parti républicain.

Malgré une bonne performance lors des élections du 8 novembre, le président Joe Biden et son parti démocrate sont maintenant sur la défensive depuis la découverte de documents confidentiels à la demeure personnelle de la famille Biden ainsi qu’au bureau qu’il utilisait lorsqu’il avait terminé son mandat de vice-président durant l’administration Obama.

Depuis, des documents confidentiels à la maison de l’ancien vice-président Mike Pence furent également récupérés par le FBI. Il faut noter que Biden et Pence coopèrent avec les autorités responsables, contrairement à Donald Trump, lorsque des documents avaient été découverts dans sa résidence de Mar-a-Lago. Quoi qu’il en soit, le département de la Justice a nommé des enquêteurs concernant les découvertes chez l’actuel et l’ancien présidents.

Sans doute Biden devra-t-il composer avec un Congrès divisé où les démocrates contrôlent le Sénat et les républicains, la Chambre des représentants. Dans le climat polarisé actuel, cela n’augure pas bien pour faire avancer l’agenda du président.

Les grands enjeux de la dernière campagne persisteront dans les mois à venir. La perspective de récession, la guerre en Ukraine, l’inflation persistante, les importants affrontements politiques et sociaux au sujet de l’avortement depuis le renversement du jugement Roe v. Wade, les tueries trop fréquentes, le débat concernant le plafonnement de la dette et l’état de la démocratie continuent à dominer l’actualité.

Bref, les grands enjeux économiques, stratégiques et sociaux qui se dressent devant les États-Unis demeurent les mêmes. Il semble toutefois que seule une volonté politique transpartisane permettra de les relever durablement.

L’état de l’Union

Le 7 février prochain, le président Biden livrera son deuxième discours sur l’état de l’Union (le fameux « State of the Union ») devant le Congrès. C’est l’occasion unique pour le président de présenter les défis qui se présentent aux Américains, les enjeux déterminants ainsi que sa vision pour faire avancer le pays.

Biden fera à juste titre le bilan de ses deux ans au pouvoir. Il parlera de ses accomplissements en matière économique en vantant le plus bas taux de chômage depuis 50 ans. Il évoquera son programme pour lutter contre l’inflation, son accord bipartisan pour moderniser les infrastructures du pays, sa gestion de la pandémie et ses politiques pour lutter contre les changements climatiques. Il sera aussi question de son initiative bipartisane pour le secteur manufacturier, notamment pour lutter contre la pénurie de semi-conducteurs et de puces. Enfin, il devrait aborder l’ensemble de ses réussites législatives.

Il va sans dire que Biden présentera une vision en contraste avec celle de son prédécesseur.

Il vantera son leadership sur le plan mondial incluant la coalition en faveur de l’Ukraine contre la Russie et présentera les États-Unis sous son leadership à l’image d’une économie d’avenir tournée vers le développement durable à l’avantage des générations futures. Bref, il dressera le bilan d’une Amérique plus forte et plus confiante.

Le même soir, les républicains vont présenter une vision négative de l’administration Biden. Ils dénonceront l’inflation la plus élevée depuis 40 ans, des dépenses hors de contrôle, l’endettement pour les générations futures, la hausse du taux de criminalité, l’échec relié à la sortie de l’Afghanistan, les problèmes reliés à l’immigration et la frontière avec le Mexique, ainsi que le manque de transparence de l’administration Biden.

En somme, deux portraits de l’Amérique seront présentés aux Américains. Ces deux portraits lèveront inévitablement le voile sur un pays divisé.

Vers la présidentielle de 2024

Déjà, Trump est en campagne. Mais depuis la contre-performance des candidats qu’il avait choisis pour les élections de mi-mandat, on ressent un manque d’enthousiasme. Les groupes évangélistes laissent entendre qu’ils pourraient appuyer un autre candidat. Le gouverneur de la Floride, Ron DeSantis, sera à surveiller s’il décide de se présenter.

Joe Biden prendra sa décision concernant sa candidature à la présidence dans les prochaines semaines. Avant la période des Fêtes, il était prévu qu’il serait à nouveau candidat. Toutefois, la récente intervention chirurgicale de la première dame, Jill Biden, l’annonce du départ de son fidèle chef de cabinet et ami, Ron Klain, et l’enquête concernant les documents confidentiels pourraient possiblement modifier la donne. Certains sondages démontrent déjà que la majorité des Américains ne veulent pas d’une reprise de l’élection de 2020 en 2024, avec un nouveau duel entre Trump et Biden.

Malgré les divisions et la forte polarisation, la classe politique choisira-t-elle de se concentrer sur les grands défis qui relèvent de l’intérêt supérieur de la nation ou se laissera-t-elle dominer par des intérêts purement partisans ? Ce sera à suivre dans les prochains mois.

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