Vous ne diriez jamais ça ? Peut-être. Mais vos gestes vous trahissent. Chaque jour, en tant que médecin, je rencontre des personnes qui aimeraient revenir 5, 10 ou 20 ans en arrière pour faire des choix différents.

Aux prises avec un cancer du poumon généralisé ou paralysées à la suite d’un AVC, elles n’ont maintenant plus cette possibilité de tout effacer et de repartir à zéro. On a juste une vie à vivre, c’est vrai. Mais on a aussi un seul corps.

Ce corps, ce n’est pas une voiture qu’on peut remplacer après quelques années ou lorsque les défaillances commencent à s’accumuler. En plus, les options de réparation sont limitées et il n’existe pas de pièces de rechange. Contrairement à ce qu’on pense, les médecins ne peuvent pas guérir une grande partie des maladies chroniques. Diabète, insuffisance rénale, ostéoporose, maladie cardiaque... Quand ils posent le diagnostic, la plupart du temps, il n’est plus possible de faire marche arrière. La maladie est là pour de bon, tout comme les traitements et médicaments prescrits pour la soigner – qui ne font que ralentir son évolution. La seule façon de ne pas être malade, c’est de ne pas le devenir.

Les moyens pour rester en santé ne sont pas compliqués, sinon jamais notre espèce n’aurait pu survivre sur Terre.

Il n’est pas nécessaire de boire des smoothies verts et de courir des demi-marathons. Le corps exige peu de soins. Il demande simplement à être nourri avec des aliments sains et en quantité raisonnable, à bouger (peu importe la manière), à dormir et à éviter d’être exposé à des substances qui lui sont nocives.

Le fléau de la sédentarisation

Or, la moitié des calories que nous ingérons proviennent de produits transformés en usine et systématiquement trop riches en sucre, en gras et en sel. Notre consommation moyenne annuelle en sucre a bondi de 5 à 40 kg par habitant en un siècle. Nous sommes désormais assis non seulement pour nous reposer et manger, mais aussi pour travailler, nous divertir et même nous déplacer.

Les conséquences sont inévitables. C’est la première fois en 200 ans que les enfants risquent de vivre moins vieux que leurs parents.

Et ce n’est pas pour rien. Nous n’avons jamais été en si piètre condition physique. Les maladies chroniques sont en forte progression et apparaissent chez des gens de plus en plus jeunes.

Pourtant, la majorité des maladies chroniques dont nous souffrons peuvent être en grande partie prévenues par un mode de vie sain. C’est le cas entre autres de 80 % des maladies cardiaques, des AVC et des cas de diabète, ainsi que 40 % des cancers. On a tendance à banaliser ces pathologies, alors que deux décès prématurés sur trois sont dus à un cancer ou à une maladie cardiovasculaire.

Adopter un mode de vie sain et compatible avec les besoins du corps représente le seul moyen réaliste et durable de conserver la santé. À l’heure où notre réseau de la santé peine à suffire à la demande toujours croissante, la prise de conscience et les actions doivent être à la fois individuelles et collectives. Il faut cesser d’agir uniquement en aval de la maladie et diriger plus d’efforts en amont. Le ministère de la Santé doit être un réel promoteur du mieux-être physique et mental, et non simplement une « assurance maladie ».

Prenons soin de nous, pour vrai.

* Sébastien Perron est l’auteur du livre Ton médecin ne te guérira pas : comment vivre longtemps, sans maladie chronique, sans médicament et bien dans ta peau (Saint-Jean)

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