Comme chaque année, mais particulièrement en 2022 en raison de la hausse du coût de la vie, le Régime de rentes du Québec (RRQ) a occupé une place importante dans les finances des personnes retraitées. Pour la plupart d’entre elles, il s’agit du seul régime de retraite indexé, à l’exception du programme fédéral de la Sécurité de la vieillesse.

Dès le début de 2023, une consultation publique sur le RRQ aura lieu, un exercice effectué tous les six ans. Au Réseau FADOQ (Fédération de l’âge d’or du Québec), nous sommes conscients qu’une réflexion approfondie sur ce régime public est nécessaire. Mais quelques pistes de réflexion contenues dans le document de consultation présenté par le ministre des Finances, Eric Girard, nous préoccupent grandement.

Le ministre Girard songe à hausser l’âge minimal d’admissibilité à la rente de retraite du RRQ de 60 à 62 ans et à augmenter les pénalités pour ceux et celles qui retirent leur rente avant l’âge de 65 ans.

Ces deux mesures porteraient préjudice de manière disproportionnée aux personnes qui sont forcées de cesser de travailler avant l’âge de 65 ans, malgré leur bonne volonté, et ce, pour diverses raisons de santé.

Je pense ici aux personnes ayant travaillé toute leur vie dans un milieu de travail pénible, dont les tâches usaient prématurément leurs capacités en raison notamment de températures extrêmes, d’efforts physiques considérables, de positions de travail inadéquates, de stress physique ou mental et bien d’autres.

Il y a aussi les travailleuses et travailleurs qui ont eu des ennuis de santé, un cancer par exemple, un accident, ou une perte de capacité. Ou encore des proches aidants qui se voient obligés de prendre une retraite prématurée pour pouvoir assister un parent ou un proche dans la maladie.

Pour ces personnes, il est impossible de prolonger leur carrière. En retirant leur rente avant l’âge de 65 ans, elles la verraient réduite de 0,6 % par mois. Une personne qui la retirerait à 60 ans perdrait mensuellement 36 % par rapport à sa pleine rente à 65 ans, et ce, pour le reste de sa vie. En 2022, cette pénalité représente plus de 5500 $ annuellement pour un individu dans cette situation.

Les travailleuses et travailleurs qui doivent prématurément prendre leur retraite essuient déjà une perte de revenu importante malgré leur contribution au RRQ durant toute leur carrière. Ne les pénalisons pas davantage alors qu’il s’agit d’une situation indépendante de leur volonté.

Le Réseau FADOQ souhaite de tout cœur que les décisions prises à la suite de la consultation publique soient bénéfiques pour tous. L’objectif doit toujours être d’améliorer la qualité de vie de toutes les personnes retraitées.

D’autres mesures pour réduire la pénurie de main-d’œuvre

Il est toutefois évident que le Régime de rentes du Québec peut jouer un rôle plus important dans la rétention des travailleuses et travailleurs au moment même où le Québec nage en pleine pénurie de main-d’œuvre.

Lors de la dernière campagne électorale, le premier ministre François Legault a notamment promis de faire en sorte que les cotisations au RRQ soient optionnelles pour tous les salariés âgés de 65 ans et plus.

Si le gouvernement du Québec veut regarder du côté du RRQ pour agir face à cette pénurie, il doit concrétiser rapidement cet engagement.

Jumelé à d’autres mesures, cette puissante incitation financière serait attrayant pour ces travailleuses et travailleurs qui veulent et peuvent encore prolonger leur carrière après l’âge de la retraite.

La modification du crédit d’impôt pour prolongation de carrière afin de rendre cette mesure fiscale remboursable et ainsi accessible aux citoyens moins nantis est également souhaitable.

En terminant, je saisis cette occasion pour souhaiter une bonne et heureuse année à tous. En 2023, j’aspire à une société qui fera du sort des personnes aînées une priorité. Soyons solidaires et prenons soin les uns des autres.

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