L’année qui vient de s’écouler a été une année charnière pour la relation de l’Église catholique avec les peuples autochtones du Canada. Bien qu’il y ait dans notre pays une longue histoire de rencontres fructueuses entre différentes cultures, traditions et formes de spiritualité, cette relation a été profondément blessée par le système des pensionnats.

En tant que dirigeants de l’Église, nous avons constaté un profond sentiment de colère et un immense désir de la part des fidèles catholiques de mieux soutenir nos frères et sœurs autochtones. Nous pouvons humblement être heureux du chemin parcouru, mais il faut se garder d’éprouver un sentiment du travail accompli. Le chemin de la réconciliation est long et il faudra plus qu’une année, aussi significative soit-elle, pour le parcourir.

Parmi les étapes franchies au cours de la dernière année, évoquons la délégation de survivants de pensionnats autochtones composée d’aînés, de gardiens du savoir et de jeunes qui s’est rendue à Rome et au Vatican. Le pape François s’est entretenu avec les membres de la délégation pendant plus de quatre heures, a écouté leurs récits et a offert ses premières excuses.

Pensons également au pèlerinage pénitentiel du pape François au Canada, lors duquel le Saint-Père a été accueilli par les communautés autochtones et a présenté des excuses officielles au nom de l’Église catholique.

Si ces rencontres ont accompli au moins une chose, j’ose espérer que c’est d’avoir permis à la vérité d’être écoutée. Comme nos frères et sœurs autochtones nous l’ont appris, le chemin de la réconciliation commence par la vérité. De même, dans son discours à la cathédrale Notre-Dame de Québec, le pape François a évoqué l’importance du témoignage. L’Église doit savoir écouter, dialoguer et ne doit plus se laisser contaminer par l’idée de la supériorité d’une culture par rapport à une autre.

Les récits empreints de courage que nous avons entendus cette année – que ce soit lors du voyage de la délégation à Rome, de la visite du pape au Canada ou de notre dialogue continu avec les communautés autochtones – ne peuvent que nous affubler d’humilité. Nous devons les accueillir et faire en sorte qu’ils informent le chemin qu’il nous reste à parcourir. C’est dans cette optique que les évêques catholiques du Canada se sont engagés à fournir des documents et des archives qui aideront les survivants des pensionnats et les chercheurs à découvrir la vérité.

La vérité s’accompagne également de certaines attentes. Étant donné le rôle joué par l’Église dans le système des pensionnats et la souffrance des peuples autochtones du Canada, nous devrons continuer à y répondre dans toute la mesure de nos capacités.

Comme l’a expliqué le Saint-Père lors de la messe qu’il a présidée à la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré, il faut résister à la tentation de la fuite. Il ne faut pas croire que notre échec dans nos relations avec nos frères et sœurs autochtones est définitif et que ça ne vaut pas la peine de mettre les efforts nécessaires pour le surmonter.

Tout comme les survivants des pensionnats doivent affronter les souffrances qui leur ont été infligées, l’Église doit réfléchir à cet héritage douloureux et se pencher sur l’impact catastrophique du système des pensionnats.

C’est la raison pour laquelle l’Église catholique du Canada s’est engagée, entre autres, à sensibiliser le clergé et les fidèles laïques aux cultures et à la spiritualité autochtones, à collaborer directement avec le Vatican et le Saint-Père sur le sujet de la réconciliation et à mettre en œuvre la promesse nationale de 30 millions de dollars en faveur de la guérison et de la réconciliation.

L’Église catholique du Canada doit continuer sur cette voie. Le pape François nous l’a demandé, face aux communautés autochtones et aux Canadiens, et ses paroles doivent nous guider. Je suis reconnaissant envers le Saint-Père pour son engagement en faveur de la réconciliation et je crois que tous les catholiques et les Canadiens devraient répondre à cet appel dans les années à venir.

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