Fillette fauchée par un automobiliste Les Ukrainiens de Montréal pleurent la petite Mariia

Éplorée, la communauté ukrainienne s’est réunie à la cathédrale orthodoxe Sainte-Sophie, sur le boulevard Saint-Michel, mardi soir, pour célébrer la mémoire de Mariia Legenkovska, frappée mortellement par un chauffard en se rendant à l’école la semaine dernière. Qualifiant le drame de « crime involontaire », sa mère a déclaré ne pas en vouloir au conducteur.

« Il a aussi sa famille et je ne veux pas qu’il souffre trop dans cette situation », a déclaré Galyna Legenkovska, par le biais d’une interprète, à la fin d’une conférence de presse tenue avant la cérémonie.

Juste avant, elle avait pris plusieurs minutes pour remercier un à un une longue liste d’organismes et de personnes venus à l’aide de sa famille, des policiers au personnel de l’hôpital Sainte-Justine, en passant par le gouvernement du Canada. « J’ai été très surprise et profondément touchée par la réaction de la communauté du Québec », a indiqué la mère endeuillée.

« Pas des centaines, mais des milliers » de gens lui ont envoyé des messages de soutien, a-t-elle révélé, en lisant un message en français.

Une campagne de sociofinancement lancée peu après le drame de la semaine dernière avait permis d’amasser plus de 153 000 $ une semaine plus tard, « pour aider à couvrir les arrangements funéraires » et à soutenir la famille.

Du front est de l’Ukraine, où il combattait les troupes russes, son mari, Andrii Lehenkovskyi, a pu faire le voyage jusqu’à Montréal à temps pour les funérailles de la petite. Il compte y rester « deux ou trois mois » avant de retourner en Ukraine défendre sa ville natale. La famille souhaite enterrer Mariia au pays et poursuivre la vie au Canada malgré tout.

« J’espère que l’âme de la petite Mariia suppliera le bon Dieu de protéger tous les enfants pour qu’ils ne connaissent plus les horreurs de la guerre et la perte de leurs proches », a conclu Galyna Legenkovska.

« Une tragédie »

Pour les membres de la communauté ukrainienne de Montréal, cette tragédie représente un coup dur, surtout dans le contexte de la guerre dans leur pays, a témoigné le révérend de l’église catholique ukrainienne voisine, Ihor Oshchipko.

« C’est une tragédie, mais pour le peuple en général aussi, parce que ça va au-delà des nationalités », a-t-il renchéri avant d’entrer pour la cérémonie. « On va faire tout ce qu’on peut pour la famille. »

La cérémonie a débuté par des chants, entonnés en chœur dans la cathédrale. Puis le prêtre de la cathédrale orthodoxe ukrainienne de Sainte-Sophie, Volodymyr Kouchnir, a pris la parole, essentiellement en ukrainien, pour souligner la mémoire de Mariia.

Ce dernier n’avait rencontré la mère et ses trois enfants qu’une seule fois avant le drame, lors d’une messe dominicale.

Une décision déchirante

Le consul honoraire d’Ukraine à Montréal, Eugene Czolij, a ensuite évoqué les « multiples atrocités » commises par l’armée russe en Ukraine, dont « des viols, des adoptions forcées d’enfants ukrainiens et des évacuations ». Il a voulu donner un aperçu du contexte dans lequel les parents de la jeune Mariia ont pris la décision que sa mère, son frère et sa sœur déménageraient au Canada.

Puis, la grande majorité des personnes présentes s’est mise en file afin d’offrir, tour à tour, les condoléances aux parents endeuillés.

Rappelons que mardi dernier, alors qu’elle se rendait à l’école à pied, dans l’arrondissement de Ville-Marie, comme tant d’autres élèves au Québec, Mariia Legenkovska, 7 ans, a été fauchée par un automobiliste qui ne s’est pas arrêté après la collision.

Le conducteur qui aurait heurté Mariia, Juan Manuel Becerra Garcia, 45 ans, s’est rendu le jour même dans un poste de police de la Rive-Sud de Montréal, après quoi il a été accusé de délit de fuite mortel au palais de justice de Montréal, où il a eu recours aux services d’un interprète en espagnol.

Les funérailles officielles de la jeune Mariia se tiendront ce mercredi au complexe funéraire Alfred Dallaire, non loin de la cathédrale Sainte-Sophie.