Ceux et celles qui avaient 40 ans à l’aube de ce millénaire ont dépassé la soixantaine. Et ils sont nombreux : en juillet 2021, plus d’une personne sur cinq au Québec était âgée de 65 ans ou plus. Près de deux millions !

Je travaille dans le domaine de la santé et du vieillissement depuis 1982 et j’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour les organismes communautaires et leur habileté à répondre aux besoins des personnes vulnérables. J’ai aussi la chance d’observer de près l’organisme Les Petits Frères depuis quelques années, et je vois la qualité de l’organisation, la passion de ceux qui y œuvrent et leur souci de bien faire les choses. En d’autres mots, je suis témoin de leur engagement profond envers les aînés et de leur travail d’accompagnement à long terme des personnes très isolées.

La pandémie (oui, encore elle)

À l’automne 2021, en pleine pandémie, une enquête à laquelle j’ai participé a révélé qu’un grand nombre de personnes âgées de 55 ans ou plus se sentaient isolées et même inutiles. On a également constaté que le nombre d’aînés engagés dans le bénévolat avait nettement diminué. Ce n’est pas tout : l’isolement entraîné par la pandémie a eu des effets sur la santé physique, psychologique, cognitive et sociale des aînés.

Le rôle extraordinaire des bénévoles

Chaque fois que j’entends des témoignages de bénévoles des Petits Frères, je constate la fierté de leur engagement. Pourquoi cette fierté ? D’abord, ils voient l’effet de leur accompagnement dans la vie des aînés. Lorsqu’ils les visitent ou leur téléphonent, ils savent qu’ils sont un rayon de soleil dans leur journée. Il se crée aussi une relation d’amitié sincère entre eux.

Après tout, la personne âgée a un parcours de vie, des expériences qu’elle partage et qui sont inspirantes pour celle ou celui qui reçoit ses confidences. Tous deux s’engagent progressivement dans une relation où chacun se sent utile et s’enrichit.

Dans le travail que je fais en santé publique, on met beaucoup l’accent sur la participation, l’inclusion sociale et la résilience des aînés. La relation de confiance qui s’établit avec le bénévole permet donc de lutter contre le sentiment de solitude et, à la sortie de la pandémie, de reconditionner la personne âgée à faire de nouvelles rencontres et à sortir de nouveau de chez elle. Une vraie bouffée d’air frais à l’approche des Fêtes !

Les bénévoles donnent et reçoivent beaucoup en retour

Les bénévoles disent souvent qu’ils reçoivent beaucoup de la part des aînés qu’ils appellent leurs « grands amis », voire plus encore que ce qu’ils donnent.

Notre vie est tellement effrénée que cette rencontre entre le bénévole et l’aîné, qui se fait régulièrement pendant plusieurs années, est un temps d’arrêt.

Il permet au bénévole de réfléchir, d’écouter l’autre et de s’écouter. C’est très positif dans notre monde trépidant, dans lequel tous les médias nous retiennent, les courriels entrent à la douzaine et où le téléphone sonne à tout bout de champ. C’est presque une forme de relaxation, de méditation. Et c’est rare. Précieux. Un temps d’arrêt pour tous les deux.

Par ailleurs, on parle souvent des attitudes d’âgisme au sein de la société et la lutte contre cet âgisme a beaucoup de succès lorsqu’on développe des activités intergénérationnelles. Le bénévole plus jeune qui a une bonne relation avec une personne âgée a de meilleures chances d’en développer avec d’autres aînés. Il y a donc un effet boule de neige extrêmement positif.

Merci aux bénévoles et au réseau communautaire

Le système de santé ne peut répondre aux besoins fondamentaux et affectifs que comble un organisme comme Les Petits Frères.

En fait, les organismes communautaires jouent un rôle essentiel auprès des aînés.

L’hôpital, dont on parle si souvent, fait son travail pour soigner le mieux possible les aînés lorsqu’ils en ont besoin. Par contre, les organismes communautaires sont présents dans le quotidien de ceux-ci pour créer un milieu de vie bienveillant et sécuritaire.

Seulement chez Les Petits Frères, plus de 500 aînés qui n’ont plus de liens avec leur famille ou un entourage proche sont en attente d’une relation de jumelage significative et durable avec un ou une bénévole. Qui sera là pour elles ?

Pour la Journée internationale du bénévolat, rappelons-nous que donner de son temps est un geste essentiel à l’équilibre de notre société.

* L’auteure est médecin spécialiste en santé publique et en médecine préventive dans le domaine du vieillissement au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.

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