Le 11 août, la Fondation Jean Paul Riopelle et la Ville de Montréal nous annonçaient la réalisation d’une murale en hommage à Jean Paul Riopelle. Hommage, dans sa ville natale, pleinement mérité pour celui que beaucoup considèrent comme le plus grand peintre canadien. Lors de cette annonce, aucune mention, cependant, de celle du 24 septembre 2021. Ni de la part des acteurs de ce projet ni de celle médias. Et pour cause !

Il y a moins de 11 mois, on nous promettait une murale « sur un emplacement de prestige situé à l’angle des rues Sherbrooke et Peel, au cœur du centre-ville de Montréal ». Emplacement de prestige, en effet, sur la plus belle artère de Montréal, à peu de distance du Musée des beaux-arts de Montréal et du musée McCord. Les photos qui accompagnaient le communiqué laissaient entrevoir tout le potentiel du site.

Aujourd’hui, on nous apprend que cette murale ornera plutôt le mur ouest d’un immeuble d’appartements sis au 625, rue Milton, tout juste à l’est de la rue University, en plein ghetto McGill. On est loin du prestige, tant pour la rue que pour l’immeuble. Une simple visite suffit pour s’en rendre compte. On cherche le lien avec Riopelle.

Mais ce qui est encore plus grave, c’est le fait que cette murale sera pour ainsi dire cachée à la vue des Montréalais et des visiteurs. Elle ne sera aucunement visible depuis la rue Sherbrooke ou le centre-ville.

Elle le sera partiellement depuis la rue University, à l’angle de la rue Milton, si on sait où regarder. Elle le sera partiellement depuis l’avenue du Docteur-Penfield, à l’angle de la rue McTavish, actuellement fermée pour cause de travaux majeurs. En fait, le plus beau point de vue se situera sur le parterre devant le pavillon des Arts de l’Université McGill (enfin un lien ?). Et encore, pas sur toute sa hauteur. Bref, on ne la verra pas à moins de faire exprès, ce qui n’aurait pas été le cas à l’emplacement originalement prévu.

PHOTO YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL

L’espace Riopelle au Musée national des beaux-arts du Québec

Montréal a perdu, au profit de Québec, un pavillon consacré à l’œuvre de ce géant. Ce pavillon abritera « la plus importante collection publique d’œuvres de Riopelle », soit plus de 450 pièces. Aujourd’hui, nous devons constater que la ville où Riopelle est né et a étudié (École polytechnique, École des beaux-arts, École du meuble) n’a rien de mieux à offrir qu’une murale cachée. Quand on compare à ce qui a été fait pour Leonard Cohen, il y a de quoi se désoler. À se demander si on met encore au ban les signataires de Refus global.

La Fondation fait probablement tout ce qu’elle peut. Mais les institutions montréalaises, elles ? Et la Ville ? Surtout la Ville !

Riopelle mérite vraiment mieux.

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