En réponse au témoignage de Sébastien Sasseville, « Le diabète de type 1, ça se traite avec de l’insuline… et de l’amour », publié le 2 juillet

Monsieur Sasseville, tout d’abord, toutes mes félicitations concernant votre remarquable performance ! Étant moi-même diabétique de type 1 (DT1), je ne peux que vous lever mon chapeau en sachant tout ce que cela vous a demandé pour y arriver.

Vous mentionnez que pour être heureux, il nous faut de l’insuline et de l’amour. Oui, bien sûr ! Il me semble cependant important d’ajouter prosaïquement les éléments qui manquent à notre bien-être.

M’adressant à tous et plus particulièrement au gouvernement, voici ce dont nous avons besoin ainsi que les obligations qui nous incombent tout au long de notre vie avec cette maladie : insuline (bien sûr), glycomètre, crayon autopiqueur, bandelettes réactives (lecture de la glycémie), bandelettes réactives (lecture des cétones), stylo injecteur ou pompe à insuline, tampons d’alcool, tampons autoadhésifs, cathéters et leurs tubulures, réservoirs, capteurs de lecture de glycémie en continu, émetteur pour transmettre la lecture sur notre cellulaire (donc, un cellulaire, il va de soi), glucagon, seringues, sucre, etc.

Nous devons également :

  • faire le suivi des glycémies chaque heure, chaque jour, chaque soir, chaque nuit, et ajuster nos doses d’insuline en conséquence ;
  • faire des prises de sang aux quatre mois, avant de rencontrer notre médecin traitant pour le suivi ;
  • rencontrer annuellement un ophtalmologiste pour dépister de possibles lésions aux yeux.

Ça, c’est lorsque tout va bien et que nous avons la chance de ne pas vivre des problèmes de santé invalidants causés par une glycémie qui s’écarte des normes au fil des années.

Il faut savoir que les diabétiques sont plus à risque de pratiquement tout : maladies coronariennes, ACV, maladie d’Alzheimer, rétinopathie, neuropathie, insuffisance rénale, problèmes musculo-squelettiques, dépression, suicide, etc.

Et finalement, nous devons avoir beaucoup, beaucoup d’argent pour bien nous occuper de cette condition.

L’argent, le nerf de la guerre

Pour vous donner une petite idée, une pompe à insuline coûte 10 000 $ pour une durée de vie de quatre ans. Et tout le matériel dont nous avons besoin (énumérés ci-dessus) coûte entre 300 $ et 500 $ mensuellement.

Des milliers de dollars par année, pour vivre et respirer tout simplement auprès des gens que nous aimons. Seulement une minorité d’entre nous ont la chance de bénéficier d’une couverture d’assurance privée.

Le système de santé québécois assume une partie des frais du matériel diabétique par l’entremise de la Régie de l’assurance maladie du Québec. Cependant, concernant la pompe à insuline, elle est seulement remboursée pour les diabétiques de moins de 18 ans. Je n’y ai donc pas droit.

Je ne peux m’expliquer autrement cette différence de traitement que par une discrimination en fonction de l’âge. C’est fort regrettable !

Sachant que :

  • la Colombie-Britannique couvre les frais des pompes à insuline pour tous les diabétiques (je ne peux l’affirmer ici, mais je crois que d’autres provinces également) ;
  • l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux a recommandé récemment la couverture des pompes à insuline, indépendamment de l’âge ;
  • Soutenue par les professionnels de la santé spécialisés en traitement du diabète, la communauté des diabétiques en fait la demande depuis trop longtemps, qu’attendons-nous encore ?

Il est fort triste que cette condition soit médiatisée en raison de la mort de Karim Ouellet.

Connaissant plusieurs personnes vivant avec cette maladie et étant membre d’associations qui nous permettent d’échanger, je peux vous dire sans gêne que nous ne cherchons pas la pitié, bien au contraire ! Nous sommes des personnes combatives et aimons la vie ; il faut l’être pour absorber la charge mentale que requiert cette condition au fil des jours avec le sourire, croyez-moi !

Tout ce que nous souhaitons est un traitement équitable de la part du gouvernement.

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