« C’est la fête au village » est l’expression chouchou d’une des enseignantes de mon école. Une femme exceptionnelle. Je sais que parfois, en éducation, on en beurre épais avec les superlatifs et les compliments, mais ici, je vous jure le plus sérieusement du monde que nous parlons vraiment d’exception. Rarement ai-je vu une femme qui avait le pouvoir d’illuminer littéralement l’endroit où elle se posait, telle une fée clochette de la bonté. Il était facile pour moi de savoir où elle était dans l’école, car je n’avais qu’à écouter les cris des enfants qui scandaient « Dodo, Dodo » dès qu’ils voyaient le bout de son nez.

Madame Dodo, elle se nomme madame Dodo, notre fée à notre école.

Le 23 juin sera la dernière journée où elle sera avec ses élèves. Égoïstement, nous voulions toutes et tous qu’elle reste, mais elle a tant donné. En fait, plus de 36 ans de sa vie. Vous savez, lecteur, le seul consensus en éducation est que la réussite des élèves est directement reliée au lien d’attachement que l’enseignant pourra créer avec son élève. Il n’y a aucune réforme, aucun cahier pédagogique, ni aucune activité professionnelle qui peut battre cela.

Le lien.

Ce que l’on dit peu en éducation, c’est qu’être apte à créer un lien s’apprend difficilement dans les universités.

Oh, il y a bien des cours de pédagogie qui abordent cet aspect, mais rien ne peut battre cette magie que procure la création d’un fort lien de confiance entre un enfant et son enseignant.

Un enfant qui se sent en sécurité et aimé est la base pour qu’il se lève avec entrain le matin et qu’il coure avec joie vers son école. Lorsqu’un enfant est accepté dans ses différences et poussé à maximiser son potentiel, il est heureux. On ne parle pas ici de chouchouter et de dorloter l’enfant, on parle de le sécuriser et de croire en ses capacités. Et pour que cette magie opère, idéalement, il faut que l’enfant sente que son enseignante est solide, aimante et, fait non négligeable, qu’elle possède un solide sens de l’humour pour dédramatiser les petits soucis.

Je pourrais discourir pendant des heures sur les qualités de madame Dodo, mais ce qui nous frappe le plus, c’est sa bonté, l’amour de son métier et sa réelle préoccupation que l’élève ressente un immense bien-être dès qu’il dépose son petit pied dans sa classe.

En l’observant virevolter dans sa classe, on se dit qu’enseigner est parfois le plus beau métier du monde. Le métier le plus valorisant et le métier le plus essentiel qui soit.

Il est vrai que maintenant, les enseignants sont surchargés de multiples tâches et ont des journées plus que remplies. Ce n’est pas un métier facile, mais il est porteur de sens. Vous savez, lecteur, si on enlève les heures de sommeil, un enfant passera autant de temps à l’école qu’à la maison, sinon plus ; d’où l’importance de se préoccuper de son bonheur.

L’école doit être sa deuxième maison de bonheur.

Et, de plus, lorsque la propriétaire de cette maison se nomme madame Dodo, son socle sera solide, ses fenêtres seront ouvertes sur le monde et il aura un toit pour faire face à toutes les intempéries.

Merci, madame Dodo, d’avoir égayé pendant tant d’années l’école Lanaudière. Il faudra revenir nous voir pour que tous les enfants petits ou grands acceptent votre départ.

Bonne retraite ! On vous aime !

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