Une seule raison explique l’actuelle grève menée par les avocates et les avocats de l’aide juridique : Québec leur refuse le maintien de la parité salariale avec les procureurs du directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), reniant ainsi un principe reconnu depuis plus de 30 ans.

Il s’agit d’une question élémentaire de justice : les avocats de l’aide juridique et ceux de la Couronne plaident les mêmes dossiers, dans les mêmes tribunaux, devant les mêmes juges.

Pourquoi Québec refuse-t-il que la défense soit sur le même pied que la poursuite ?

Quiconque a dû se présenter dans un palais de justice du Québec peut témoigner que dans plusieurs salles d’audience, les avocats de l’aide juridique occupent la moitié du rôle et des dossiers qui y sont entendus quotidiennement.

Ces avocats dévoués à une clientèle parfois très vulnérable, qui se retrouvent au cœur de situations souvent urgentes et complexes, ont une connaissance approfondie du système de justice et en sont des acteurs de première ligne.

Ensemble, à l’échelle nationale, ils forment l’un des plus grands cabinets d’avocats du Québec.

Cette parité salariale est un principe que la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, ainsi que le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, ont tous deux reconnu par le passé.

Rappelons que la première était procureure de la Couronne au DPCP avant de poursuivre son service public en politique active et que le second est toujours membre du Barreau du Québec.

Que se passe-t-il donc pour que les deux ministres responsables de la négociation refusent d’octroyer les mandats aux représentants du Conseil du trésor afin que ces derniers ne règlent pas notre dossier ?

Les avocates et les avocats que nous représentons se sentent dévalorisés et frustrés de devoir retourner en grève pour ce principe élémentaire qui, à chaque négociation, doit être réaffirmé.

Les plus cyniques diront qu’en agissant ainsi, le gouvernement lève le nez sur les avocats du peuple.

Rappelons que notre clientèle est constituée de mères chefs de famille, de femmes victimes de violence conjugale et sexuelle, d’enfants mineurs, de familles immigrantes, de citoyennes et de citoyens aux prises avec des problèmes de santé mentale, d’accidentés de la route et du travail et d’accusés en droit de bénéficier d’une représentation de la plus haute qualité.

De nombreuses familles pouvant gagner jusqu’à 59 000 $ devront y avoir recours dans les prochains mois : certaines feront l’objet de rénovictions, d’autres devront recourir à un régime de protection pour un proche en perte d’autonomie.

Nous sommes là pour eux.

Le juge en chef de la Cour supérieure du Québec, Jacques R. Fournier, a plus d’une fois reconnu le rôle de l’aide juridique non seulement dans l’accès à la justice, mais également comme source d’économie du droit, permettant ainsi à plusieurs justiciables de ne pas avoir à se représenter seuls devant les tribunaux.

À notre tour, nous lui reconnaissons d’avoir si bien su réaffirmer, encore tout récemment, la nécessité d’un système de justice fort et accessible qui puisse s’appuyer sur du personnel disponible, qualifié et compétent.

C’est exactement dans ce contexte que les avocates et les avocats de l’aide juridique demandent que, minimalement, leur parité salariale soit maintenue avec celle des procureurs de la Couronne.

En ces temps d’inflation galopante et de rareté de main-d’œuvre, il y va du maintien de nos effectifs et de la rétention de nos avocates et avocats dévoués qui œuvrent au service des justiciables à l’échelle nationale.

Avec Laurence Côté, présidente du Syndicat des avocates et avocats de l’aide juridique du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie–CSN et Mélanie Gaudreault, présidente du Syndicat des avocates et avocats de l’aide juridique des Laurentides et de Lanaudière–CSN

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion