On ne le dira jamais assez. Loin d’être fermé, le Québec est l’une des sociétés sur la planète qui reçoit le plus d’immigrants, davantage par personne que la France, davantage que les États-Unis.

Il faut le faire pour une nation qui n’est pas indépendante, sur un continent où les francophones représentent moins de 2 % de la population.

Notre société est présentée comme intolérante parce qu’elle ne veut pas se dissoudre dans un projet national multiculturel sans limites qui ne peut mener qu’à sa perte.

100 millions d’habitants !

Le problème du Québec, ce n’est pas qu’il ne reçoit pas assez d’immigrants, mais qu’il fait partie d’un pays qui en reçoit beaucoup plus que lui.

Le Canada a sombré dans un multiculturalisme littéralement délirant, une idéologie prétentieuse unique au monde, le pays ambitionnant de recevoir pas moins de 500 000 immigrants par année.

Un demi-million annuellement ! Notons que ce chiffre ne répond pas avant tout à des impératifs économiques liés à la pénurie de main-d’œuvre, dont la solution ne passe que partiellement par l’immigration.

Ce à quoi on a plutôt affaire, c’est à un nouveau projet national canadien dont le rêve est d’atteindre le chiffre mirifique de 100 millions d’habitants, sans aucune considération pour ce que cela va signifier pour LE peuple fondateur canadien sur le plan historique et ses descendants francophones dont cela ne peut que favoriser l’assimilation.

C’est cela, le problème fondamental du Québec ! Et c’est pas mal plus grave que le regroupement familial des immigrants.

Cela n’empêche pas certains commentateurs de se désoler de ce que le nationalisme québécois des années 1960 se soit éloigné de sa pureté angélique originelle pour développer certains aspects défensifs nécessaires, clairement modérés dans une perspective historique et mondiale.

Résidents temporaires

On a pu craindre un moment que la mélodramatique sortie de François Legault sur l’éventuelle louisianisation du Québec fasse oublier ces choses, mais le premier ministre a été chanceux : sa mise en garde en a amené plusieurs à regarder en face la réalité en matière d’immigration.

Cette réalité est que le Québec a perdu le contrôle des nouveaux arrivants sur son territoire, dont un nombre croissant passent par des canaux indirects dont celui, désormais plus important que la voie normale, de la résidence temporaire.

Sans oublier ce honteux chemin Roxham institutionnalisé, une aberration pour tout pays qui se respecte et un manque total de respect pour le peuple québécois.

Sans oublier ces étudiants francophones étrangers non acceptés par Ottawa parce qu’ils ne se rattachent pas à ces réseaux qui jouent en faveur des étudiants anglophones.

On doit espérer qu’entre deux célébrations de toutes les diversités sauf la Québécoise, on soit capable de s’intéresser froidement et efficacement à ce dossier vital.

Sans tenir compte de ces défaitistes devenus de véritables semeurs de désespoir irrémédiablement convaincus que rien ne peut freiner le déclin de notre langue, qu’Ottawa dira toujours non à tout, que l’existence même d’un gouvernement québécois fort n’a aucun impact.

Il n’y aurait rien à faire sauf une souveraineté pour le moins improbable dans un avenir prévisible, alors qu’on sent à nouveau chez certains le goût de se bercer d’illusions à ce sujet.

Ils sont devenus viscéralement incapables d’envisager tout exercice concret victorieux du pouvoir québécois en dehors de l’hypothèse souverainiste.

L’une des priorités du gouvernement qui sera élu en octobre devrait être la modernisation de l’accord Canada-Québec de 1991 en immigration, une avancée historique à l’époque devenue partiellement périmée.

Plutôt que de blaster bêtement Justin Trudeau, il faut lui rappeler sa responsabilité, à titre de premier ministre du Canada, à l’égard de cette société distincte québécoise et nation fondatrice canadienne dont la politique fédérale d’immigration doit tenir compte.

Les « six mois » de Simon Jolin-Barrette

Merci au ministre d’avoir résisté aux lamentations des pleureuses de tout acabit compatissant avec ces « pauvres » immigrants ayant le malheur d’arriver dans une de sociétés les plus tolérantes et les plus choyées de la planète.

C’est un service à rendre à des immigrants notoirement résilients partout dans le monde que de leur donner l’heure juste dès leur arrivée ici, au moment où le message québécois est le plus susceptible d’avoir un effet, en faisant clairement savoir que l’apprentissage accéléré du français n’est pas un souhait, mais une condition incontournable du privilège qu’ils ont de s’installer au Québec.

Il n’est pas demandé aux immigrants de réciter du Baudelaire dans le texte après six mois, mais de s’efforcer véritablement de communiquer en français après ce délai avec l’administration publique, sauf exception, liée au bon sens et aux principes de justice naturelle mentionnés dans la loi 96.

On est au Québec.

Qui croit sérieusement qu’un nouvel arrivant qui a fait de vrais efforts pour apprendre notre langue se verra refuser des services parce que son français est déficient ?

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