Ces jours-ci, on parle beaucoup de l’adoption de la loi 96 et de François Legault qui souhaite obtenir un mandat fort en octobre afin de rapatrier d’Ottawa tous les pouvoirs en immigration. Bonne chance ! Rappelons que le Québec sélectionne une partie de son immigration, mais que le fédéral gère le regroupement familial, l’immigration temporaire, les réfugiés et demandeurs d’asile.

Concernant le regroupement familial, rappelons qu’il est possible de parrainer conjoint, conjointe, enfant, parent ou grands-parents, ou de jeunes orphelins de la fratrie, neveux ou petits-enfants. Il est impossible de parrainer un cousin de la fesse gauche ou une tante éloignée.

Rapatrier la gestion de l’immigration afin de pérenniser la société francophone, soit. Il faudra pour cela franciser davantage les nouveaux arrivants qui ne maîtrisent pas – ou pas assez – la langue lors de leur arrivée, et rendre la francisation ou l’alpha-francisation des adultes obligatoire, comme l’est celle des jeunes de 16 ans et moins.

Il faudra revoir la loi 96, demandant aux nouveaux arrivants de communiquer avec l’État 6 mois après leur arrivée au Québec, afin d’être conséquent avec le programme de francisation du Québec, d’une durée totale de 18 mois.

Et l’apprentissage du français sera beaucoup plus long que la durée de la francisation en classe. Il faudra aussi accorder plus de temps aux personnes n’ayant pas eu la chance d’étudier le code écrit dans leur langue maternelle, malheureusement souvent des femmes, et leur apprendre – en plus du français – à lire, à écrire et à communiquer oralement en plus d’apprendre une nouvelle culture.

La francisation ou un emploi ?

Plusieurs études démontrent que le regroupement familial est bénéfique pour les personnes parrainées et celles parrainant leurs proches, mais ne serait-il pas primordial de s’assurer que ces gens soient accompagnés par l’État, une fois au Québec ? Ne serait-ce que pour briser l’isolement et favoriser l’inclusion et la participation à la société d’accueil ? Il faudrait aussi penser à bonifier les programmes de francisation et l’allocation obtenue – 200 $ par personne, par semaine – ne permettant pas de subvenir aux besoins d’une famille en ces temps d’inflation. Pénurie de main-d’œuvre oblige, il est certain qu’entre la francisation ou un emploi à 20 $ l’heure, plusieurs choisiront l’option donnant le plus d’outils financiers pour rebâtir leur vie.

Du côté des travailleurs étrangers, le Conseil du patronat publiait récemment une liste de demandes au gouvernement. Médiatiquement, on a beaucoup parlé de la hausse des seuils, mais les autres requêtes n’ont eu que peu d’écho. Or, l’une était légitime : abaisser l’exigence liée à l’atteinte de l’équivalent d’un niveau 7 en français, soit 1500 heures de formation, à un examen certifié de type « TEFAQ », un examen français. Toujours aucun examen québécois, plus adapté aux réalités culturelles et linguistique du Québec et des candidats en vue. Le gouvernement devrait sérieusement réfléchir à exiger un niveau 6, soit 900 heures de formation… et créer un nouvel examen !

Un niveau 6 permet de bien fonctionner quotidiennement et est plus réaliste à atteindre en trois ans qu’un niveau 7, pour des travailleurs à temps plein. Québec devrait mettre sur pied une entente avec les entreprises recrutant à l’étranger, s’engageant à libérer leurs travailleurs pour apprendre langue et culture québécoises. Présentement, c’est une responsabilité individuelle du travailleur d’atteindre le fameux niveau 7, il serait temps d’en faire une responsabilité partagée avec les entreprises embauchant à l’étranger : on a besoin de citoyens, pas de robots !

Beaucoup de chantiers attendent le gouvernement en immigration, et ce, seulement si le Canada acquiesce au rapatriement des pouvoirs. N’oublions pas que le Québec n’a pas le dernier mot, et n’en déplaise au gouvernement, il serait surprenant que le vent tourne…

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