La tendance mondiale est de produire toujours plus de vêtements pour les garder cependant moins longtemps : il nous faut donc définitivement repenser cette industrie en nous posant les vraies questions sur ces articles que nous portons quotidiennement.

Nous savons aujourd’hui que l’industrie du textile est destructrice puisqu’elle requiert énormément d’eau pour la confection des vêtements et qu’elle surexploite les richesses naturelles de la Terre. À cela s’ajoute une extrême pollution puisqu’elle déverse ensuite son eau toxique et polluée dans les rivières du monde et que les émissions de CO2 dues au transport des vêtements mondiaux sont considérables.

Depuis les années 1970, avec l’essor de ce que nous appelons communément la « Fast Fashion » (mode jetable), l’industrie du textile a développé son hypercroissance en imposant des diktats insensés et un modèle de production qui n’est pas viable.

Pour tenir ce rythme effréné qu’elle a elle-même créé, cette industrie ne peut que proposer de mauvaises conditions de travail et des rémunérations qui ne sont pas justes pour les personnes qui travaillent en son sein.

Les enseignes qui alimentent cette spirale contribuent donc à un désastre écologique et humain en nous créant des besoins au détriment d’une réflexion sur le bien commun.

Ce procédé est d’ailleurs bien expliqué par David Suzuki dans son livre Lettre à mes petits-enfants (p.43) : « Les produits jetables garantissent le renouvellement perpétuel du marché, mais ils ont un coût pour la planète. L’hyperconsommation, engendrée par le besoin des pays industrialisés de voir leur économie croître, est aujourd’hui la cause première de la dévastation écologique. »

À l’heure où il est encore possible de réaliser des milliards de bénéfices sans se soucier d’éthique, force est de constater que le changement ne viendra pas des grandes entreprises dont la bonne santé financière dépend de ce mode de production.

Non, ce changement viendra d’un pouvoir bien plus puissant et sur lequel nous pouvons miser beaucoup d’espoirs : notre choix de consommation.

Notre pouvoir de changer les choses

Nous remarquons que certaines enseignes tentent de faire des efforts, car elles savent que les informations sont de plus en plus accessibles et que nous, consommateurs, les comprenons de mieux en mieux. Face à la prise de conscience générale, il est cependant difficile pour ces enseignes de réagir suffisamment vite puisque tout a été bâti sur un système bien trop bancal pour être capable de se restructurer.

En parallèle, les attentes du public deviennent sans compromis, et c’est grâce à celles-ci que cette industrie se réinventera et rendra aux personnes qui y travaillent la place qu’elles méritent.

Sobriété et refus d’abondance

S’il semble clair que pouvoir encore choisir la façon dont nous magasinons est un luxe, il apparaît encore plus évident que si nous ne changeons pas immédiatement nos habitudes, nous n’aurons plus ce choix. Cela requiert donc une réflexion quant à l’abondance proposée par ces enseignes qui nous ont complètement fait perdre de vue le temps et les coûts nécessaires à la confection d’un vêtement.

Pour changer nos habitudes, il faudra aussi comprendre que les diktats de cette mode temporelle aux collections éphémères n’ont pas lieu d’être et que pour y mettre fin, il faudra opter pour des confections plus durables.

Nous ne pourrions mieux exprimer ce ressenti qu’à travers la justesse des mots de Vanessa Pilon : « (…) je pense qu’avec l’immensité de la crise climatique que l’on vit, et la surproduction de vêtements à l’échelle de la planète, continuer de véhiculer la fausse idée que certains vêtements sont “out”, et qu’il faut remplacer ce qu’on a déjà simplement parce que ce n’est plus tendance, c’est contribuer au problème. Je suis certaine qu’il y a d’autres belles idées qu’on peut donner pour inspirer à élever son style sans nous faire sentir dépassée parce qu’on n’a pas “la nouvelle affaire”. Contribuons au changement. »

Consommer moins et mieux

Bien au-delà du domaine du vêtement, notre acte d’achat concerne tout ce qui nous entoure et doit passer par le fait de « consommer moins et mieux ». En faisant ce choix et en favorisant l’économie locale, nous avançons sur plusieurs enjeux. Chaque entreprise, projet ou organisation qui voit le jour doit prendre à cœur les enjeux humains et écologiques. Nous avons d’ailleurs beaucoup de chance puisque le Québec regorge de programmes d’accompagnement qui œuvrent en ce sens.

Les entreprises déjà implantées doivent revisiter de toute urgence leurs modèles d’affaires avec sincérité et transparence. Ce remodelage vise la prospérité dans son ensemble et la viabilité de notre seule maison : la Terre.

Au-delà du vêtement

Sur la route de la transition écologique, il y a bien sûr beaucoup de combats à mener. Le premier étant – toutes industries confondues – de se renseigner sur ce qu’il se passe, d’en prendre conscience et d’agir ensuite avec l’arme de nos connaissances. Nous le savons, la Terre a ses limites qui sont le garde-fou de notre gourmande économie qu’il faut repenser de manière compatible avec nos enjeux écologiques. C’est un beau défi !

En ce jour de la Terre, et parce que les prochaines années seront décisives, il appartient à chacun d’entre nous d’encourager et de porter haut les initiatives innovantes et inspirantes dont nous entendons parler et qui changent le monde.

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