Dans le domaine de la santé, il y a des enjeux – comme ceux provoqués par la pandémie – que nous ne pouvons voir venir. Il y en a d’autres, toutefois, qui sont tout à fait prévisibles et qui impliquent donc qu’on s’y prépare. Les besoins croissants en matière d’hébergement des aînés appartiennent à la deuxième catégorie.

Au cours de la prochaine décennie, nous connaîtrons une accélération importante du vieillissement démographique. En 2031, pas moins de 25 % de la population québécoise aura 65 ans et plus. C’est deux fois plus qu’au tournant des années 2000. En nombre absolu, le Québec comptera 2,3 millions de personnes de plus de 65 ans dans 10 ans ; une hausse de 500 000 par rapport à aujourd’hui. Cette tendance, connue depuis longtemps, entraînera des défis majeurs.

Au Québec, lorsque le maintien à domicile n’est plus possible, les personnes âgées ont les possibilités suivantes, selon leur état de santé et leur degré d’autonomie : habiter en résidence privée pour aînés (RPA), en ressource intermédiaire (RI) ou en centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD). À cette offre s’ajoutera, sous peu, le développement des maisons des aînés, où le gouvernement s’est engagé à créer 2300 nouvelles places sur cinq ans. Pour donner une idée de grandeur, avant le début de la pandémie, plus de 10 000 personnes étaient déjà en attente d’une place en RI ou en CHSLD, selon le plus récent rapport de la Commissaire à la santé et au bien-être (CSBE).

Bref, malgré l’augmentation souhaitable et nécessaire des services de maintien à domicile, il est évident qu’il nous faudra collectivement accélérer le développement de nouvelles places d’hébergement pour répondre aux besoins émergents, préoccupants et bientôt criants des personnes âgées.

Les maisons des aînés et les sommes annoncées pour rénover certains milieux de vie sont des pas dans la bonne direction. Or, ces mesures ne sauraient suffire. Les mathématiques parlent d’elles-mêmes.

Malheureusement, à ce jour, aucune planification à moyen et long termes n’a été présentée par les acteurs gouvernementaux concernés. Nous ne savons toujours pas, par exemple, combien de places pourront être développées en RI l’an prochain. Nous naviguons à vue, alors que la situation exigerait une planification concertée, méthodique, chiffrée et rigoureuse.

La ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, doit présenter ce printemps un plan d’action pour donner suite à la Politique d’hébergement et de soins et services de longue durée déposée en avril 2021. Nous sommes sincèrement impatients de le découvrir. Cela dit, nous aurions souhaité que ce plan fasse l’objet d’un véritable travail de concertation entre tous les partenaires impliqués dans l’hébergement de nos aînés, afin de mettre en commun nos idées et nos expertises et ainsi offrir des milieux de vie de qualité à tous.

Depuis deux ans, la gestion quotidienne de la pandémie justifiait peut-être de remettre cet essentiel exercice de planification, mais là, il est minuit moins une. Une offre d’hébergement diversifiée et ancrée dans les communautés est la clé du bien-être de nos aînés. Dans cette optique, il est primordial de planifier dès maintenant le développement de l’hébergement dans toutes les régions du Québec, et ce, avec tous les partenaires concernés.

Nous le devons aux hommes et aux femmes qui ont façonné le Québec et qui méritent tous des milieux de vie à la hauteur de ce que nous voudrions offrir à nos parents.

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