En ce mois de l’autisme, j’ai envie de parler de Léonard. Léonard va avoir bientôt 9 ans et il est comme le Petit Prince, il est autiste.

Je sais que cette phrase peut en surprendre plus d’un. Il faut peut-être avoir eu la chance d’être en public avec un enfant autiste pour adhérer à ma théorie. Ce que je prenais pour une belle candeur enfantine en lisant Le Petit Prince est maintenant pour moi de la neuroatypie.

Léonard est toujours catapulté sur des planètes qu’il ne comprend pas, dont il ignore les codes sociaux.

En vacances dans un chalet loué, au restaurant, ou tout simplement à la crèmerie pour acheter une barbotine au melon d’eau, la seule saveur qu’il apprécie.

À l’école, ce n’est pas plus simple. Léonard n’y a pas sa place, il ne peut jamais y être à l’aise. Performant trop bien pour aller dans une classe d’adaptation, mais avec une rigidité le menant parfois à se réfugier sous son pupitre. Le système d’éducation n’a pas été pensé pour les petits princes. Qu’à cela ne tienne, tous les matins, il quitte la maison à contrecœur, son sac trop lourd sur le dos.

Si vous lui demandez quel a été le meilleur moment de sa journée, il vous répondra rapidement : « Le retour à la maison ! » Sa réponse demeure le même, elle est comme l’école, elle ne change pas.

Le petit prince Léonard essayant d’apprivoiser une renarde bienveillante, qui lui explique étape par étape comment se faire un ami. Sa renarde à lui, c’est sa cousine. Avec elle, il semble se sentir assez libre et confiant pour être lui-même. Il est capable de tisser, brin par brin, une réelle amitié au fil des années. Apprivoiser demande du temps, encore plus pour Léonard.

J’ai beaucoup de chance de le côtoyer, de le voir grandir, de le voir évoluer dans un monde qui n’est pas le sien, sur cette planète qui lui est étrangère. J’ai aussi la grande chance d’être la mère de sa renarde qui, elle, savait qu’il était différent. Pour sa part, depuis toujours, elle navigue avec aisance d’une planète à l’autre. Amalgame leurs deux mondes.

J’espère que le temps mettra sur le passage de Léonard le plus souvent possible des aviateurs prêts à interagir avec lui. Lui laissant l’opportunité de présenter sa façon de voir le monde. Cette citation d’Antoine de Saint-Exupéry résume bien comment parfois on peut se sentir face à la différence : « Je ne savais pas trop quoi dire. Je me sentais très maladroit. Je ne savais comment l’atteindre, où le rejoindre. » C’est pourtant simple, les petits princes comme Léonard peuvent être rejoints avec du temps, de la patience, de l’ouverture d’esprit et de l’amour.

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