Les répercussions du conflit entre l’Ukraine et la Russie se manifestent déjà de différentes façons

L’humanité vient de recevoir un nouveau coup dur avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le simple fait de penser à l’aspect humanitaire du conflit dépasse l’entendement. Mais les répercussions sur le secteur agroalimentaire se manifestent déjà sur de nombreux plans.

Premièrement, l’Ukraine étant le grenier de l’Europe, ce conflit affectera les marchés mondiaux des matières premières de façon importante. Les contrats à terme sur le blé et le maïs atteignent lentement des niveaux record. L’Ukraine est le neuvième producteur de blé au monde, récoltant un peu moins que le Canada chaque année. L’Ukraine occupe également le cinquième rang mondial pour la production du maïs, comptant 13 % de toutes les exportations.

L’activité agricole occupe environ 70 % des terres du pays et environ 25 % des réserves mondiales de terre noire se trouvent en Ukraine. Le pays a des conditions de production agraires exceptionnelles.

Mais ce conflit inclut évidemment la Russie. Les deux pays représentent ensemble 25 % des exportations mondiales de blé. Les cultures d’orge et de seigle abondent également sur leurs territoires.

Pour de nombreuses entreprises agroalimentaires, l’accès à bon prix à l’ensemble de ces ingrédients principaux se complique. L’invasion a entraîné l’interdiction de passage de tous les navires commerciaux dans la mer intérieure d’Azov, principale voie maritime pour rejoindre la mer Noire où se trouvent les ports ukrainiens.

Près de 90 % des exportations de céréales ukrainiennes sont transportées par bateau, et la logistique maritime dans la région se voit gravement compromise.

Compte tenu de ce qui se passe dans le monde depuis quelques mois avec les difficultés de la chaîne d’approvisionnement, dire que l’inflation des prix alimentaires découlera de ce conflit ne relève que d’un euphémisme. Si vous pensez que le Canada se trouve à l’abri de tout cela, compte tenu de sa production agricole nationale, détrompez-vous ! Les produits agricoles se négocient sur les marchés mondiaux, et ce qui se passe en Ukraine et en Russie nous affecte. Le monde, en particulier celui du secteur agroalimentaire, est profondément interrelié.

Le pétrole aussi se négocie désormais entre 90 et 110 $ le baril, prix le plus élevé depuis 2014. La Russie exporte pour environ cinq millions de barils de brut par jour, dont près de la moitié dessert l’Europe.

Les pays tentent de pénaliser le régime de Vladimir Poutine sans perturber les exportations d’énergie de la Russie, pour aider le monde à se remettre de la pandémie. Cela démontre à quel point la situation devient délicate et comment Poutine a stratégiquement choisi son moment pour envahir son voisin.

Mais si les coûts énergétiques ne constituaient pas le problème actuel d’inflation alimentaire, ils le deviennent certainement maintenant. Nous nous attendons à ce que les frais de transport en subissent les contrecoups d’ici quelques semaines, voire quelques jours.

Le marché des engrais se voit également touché par ce conflit. La région exporte l’azote, la potasse et le phosphore en grande quantité. L’invasion de la semaine dernière a augmenté le prix des engrais de plus de 200 $ la tonne du jour au lendemain partout dans le monde. Il va sans dire que cette nouvelle ne fait pas le bonheur des agriculteurs qui cherchaient à augmenter leurs rendements cette année en raison de la hausse des prix. Les engrais affichaient déjà un prix fort avant le conflit en Ukraine. Les agriculteurs canadiens s’en tireront probablement bien avec les marchés, mais les prix prohibitifs des engrais pourraient avoir une incidence sur la production agricole dans l’hémisphère Nord, y compris au Canada. Si dame Nature joue encore les trouble-fête, nos agriculteurs pourraient connaître une autre année difficile.

La hausse du prix des engrais dans l’industrie a toujours créé un problème, et le secrétaire américain à l’Agriculture, Tom Vilsack, a déjà averti les entreprises de ne pas gonfler inutilement le prix des engrais. Ce secteur reste méconnu pour la plupart des consommateurs, mais sans la science appropriée du sol soutenue par des engrais efficaces, le coût de nos aliments ne pourrait tout simplement pas rester le même.

Vladimir Poutine ne se concentre pas simplement sur la reconquête du territoire soviétique perdu ; il se prépare à instaurer de nouveau l’influence russe. Pour la Russie, la Chine constitue un allié. Ainsi, contrôler les chaînes d’approvisionnement alimentaire mondiales avec la Chine représente un moyen efficace d’y parvenir. Compte tenu de leur production, les deux pays combinés deviennent influents sur le plan agricole.

Bref, les économies occidentales se voient à nouveau déstabilisées, une fois de plus. Pendant deux ans, on subissait les contrecoups d’un virus, et maintenant, voilà que c’est au tour d’un tyran de faire des siennes.

Essentiellement, ce conflit apportera au secteur agroalimentaire une nouvelle dose d’incertitude au pire moment possible. En tant que consommateurs, nous devons souhaiter et espérer que ce conflit ne dure pas trop longtemps. En attendant, nous devons défendre les Ukrainiens car ils sont les victimes du mal, tout simplement.

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