Du 6 au 12 février, c’était la semaine des enseignantes et enseignants, et nous leur devons, toutes et tous, une fière chandelle. Cette semaine a été relayée au second plan (sinon, au dernier) avec les « convois de la liberté », les Jeux olympiques, et j’en passe.

Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, remercie les enseignants pour leur dévouement… il devrait encenser les derniers Gaulois présents dans le système d’éducation public puisqu’ils sont moins présents que jamais. Effectivement, l’enseignement des futurs penseurs de la société peut être fait par quiconque a de la bonne volonté dans le système actuel, puisque le personnel non qualifié connaît une croissance fulgurante.

Le gouvernement de la CAQ peut se vanter d’avoir haussé les salaires, mais ce que réclame le personnel du milieu scolaire depuis des années est en fait de meilleures conditions de travail. Et c’était le cas bien avant la crise sanitaire. L’argent est une chose, mais au quotidien, cela ne change en rien la lourdeur de la tâche, la gestion de classe de plus en plus complexe, le manque de temps de préparation, le manque de ressources pour les élèves (pédagogiques et psychologiques), la pression constante mise sur les enseignants pour pallier ce manque de ressources, le manque de considération face au jugement de l’enseignant et j’en passe.

Nos voisins ont osé une refonte du système public, dans l’intérêt de tous les citoyens. En effet, l’Ontario a rendu l’éducation obligatoire jusqu’à 18 ans et a arrêté de financer les écoles privées (au Québec, elles sont subventionnées à 60 %).

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Miracle ! Le taux de diplomation a augmenté et le décrochage scolaire a diminué. L’Ontario est même dans le top 20 des meilleurs systèmes d’éducation au monde. Dans L’actualité, en 2018, on notait déjà que la réforme ontarienne avait fait passer le taux de diplomation de 72 % à 84 %, alors que le Québec obtient péniblement, année après année, un maigre 64 %.

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Le gouvernement, en maintenant le statu quo, soutient un clivage toujours plus grand entre les classes et favorise les plus nantis. On abandonne les populations vulnérables, on contribue, par le système d’éducation actuel, à maintenir les inégalités. Selon le Conseil supérieur de l’éducation, le système scolaire québécois se révèle le plus inégalitaire au Canada. Pourquoi continuer dans cette voie ? Cette situation va à l’encontre de tout principe d’égalité des chances.

Je reprends les mots de Guy Rocher : « Si le financement des écoles privées est aussi intouchable, ce n’est pas sorcier : c’est parce que les décideurs envoient majoritairement leurs enfants dans des écoles privées. » En somme, « l’élite québécoise sauve l’élite québécoise aux dépens d’une [grande] partie de la population ».

Lisez l’article « L’école à trois vitesses a causé un “gâchis humain » »

Il doit y avoir une volonté profonde d’améliorer la situation en collaborant avec les gens sur le terrain pour apporter des modifications concrètes, solides et durables. Il doit y avoir une vision de changement majeur qu’on saluera encore dans 30 ans. Et pour ce faire, on peut facilement regarder chez nos voisins.

La liberté commence par comprendre quels sont nos droits et (surtout) nos devoirs, par apprendre à collaborer en côtoyant des enfants de différents milieux. Tout cela s’apprend dans une école publique inclusive.

Alors, je pose la question, à quand un vrai convoi pour l’égalité des chances, à quand un soulèvement pour notre système d’éducation public et pour l’avenir de nos enfants ? À quand un gouvernement et un ministre qui auront le courage d’apporter ces changements ? Comme l’a écrit récemment Camil Bouchard, « l’école ordinaire doit devenir extraordinaire. L’excellence est pour tout le monde ».

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