« De nouveaux poumons pour des non-vaccinés.1 » La lecture de cette nouvelle m’a beaucoup étonné. En constatant que le directeur du programme de transplantation pulmonaire du Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM) est également leur médecin traitant, on peut y voir facilement un traitement de faveur.

Transplant-Québec organise, en avril de chaque année, une semaine de sensibilisation pour maximiser la banque de donneurs potentiels. Tout simplement parce que des poumons, un cœur, un foie… ça ne se trouve pas facilement. C’est en démystifiant tout ce qui entoure le processus vers le don d’organes que nous aurons une meilleure réceptivité.

À cette occasion, l’organisme cible l’importance pour les gens qui sont favorables d’en discuter avec leurs proches ainsi que de signer l’autocollant de consentement au verso de la carte d’assurance maladie.

Avoir le privilège d’un appel du centre de greffe qui vous avise de venir à l’hôpital, car un organe en santé vient d’être trouvé, c’est tout simplement gagner à la loterie de la vie.

Mon médecin de famille m’a dirigé vers le CHUM au moment où il devenait évident que j’aurais besoin d’un nouveau foie. Débute alors le processus afin de savoir si ma candidature pourra être transmise à Transplant-Québec pour être sur la liste d’attente : entrevues avec une travailleuse sociale, avec une infirmière, suivi avec un psychiatre également offert au besoin. On a même l’occasion de rencontrer une personne greffée.

Comme une entrevue d'embauche

C’est semblable à un comité pour l’embauche d’un nouveau candidat pour un travail donné.

On veut tout savoir de moi. Dans quelles circonstances la maladie s’est manifestée ? Est-ce que j’ai consulté tôt mon médecin de famille ? Est-ce que j’ai suivi ses recommandations et traitements proposés ? Est-ce que j’ai une bonne hygiène de vie ?

Maladies antérieures ? Suis-je à jour dans mes vaccins ? « Apportez votre carnet vaccinal au prochain rendez-vous, SVP ! » « C’est quoi, vos loisirs ? » « Vos projets d’ici les 10 prochaines années ? » Etc. S’ajoute à tout ça une batterie de tests médicaux dont certains seront répétés à intervalle régulier pour savoir si mon cas s’aggrave afin de devenir prioritaire pour la greffe.

En bref, mon infirmière résumait ce processus à : « On veut savoir si réellement ça vaut la peine de vous donner une deuxième chance. Les foies sont rares et on veut s’assurer que vous allez en prendre soin tous les jours en devenant un partenaire avec notre clinique. »

En termes de sport, je peux dire que j’ai très bien scoré. Le comité m’a recommandé à Transplant-Québec.

J’ose croire que le comité du programme de transplantation pulmonaire du CHUM a eu des discussions très animées lorsqu’il a évalué les candidats non vaccinés.

Depuis la pandémie, une personne non vaccinée peut être soupçonnée d’être réfractaire à des soins médicaux en général. Réfractaire possiblement aux mesures sanitaires dictées par la Santé publique (masque, lavage des mains, etc.).

Ou bien une personne qui a peur des aiguilles. C’est un argument que l’on entend très souvent. « C’est mon corps, c’est à moi de décider ce qui me sera donné comme médicaments. » À cela, on se doit de répondre que le patient n’a pas le choix : « C’est le protocole de greffe qui est ainsi fait. Vous embarquez ou bien c’est non, et on passe au prochain appel. »

On nous dit que cela ne s’arrête pas une fois la greffe réalisée. C’est une collaboration à vie que l’on doit avoir avec notre clinique de transplantation. Oubliez immédiatement la peur des aiguilles, des bilans sanguins réguliers, on en a. Des scans avec injection de traceurs, et bien d’autres tests réguliers, spécifiques à l’organe reçu. Le port du masque et le Purell font désormais partie de notre vie. Sans compter le risque d’infection qui nous guette et qui peut se transformer en un séjour hospitalier avec des traitements intraveineux.

En terminant, j’ai une pensée pour les trois patients qui ont dû, malheureusement, passer leur tour quand le comité a décidé d’accorder le précieux cadeau de vie à des gens qui n’ont pas pris leurs responsabilités d’aller se faire vacciner.

1. Lisez « De nouveaux poumons pour des non-vaccinés »

*André-Georges LeBlond est également patient-partenaire à l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INNESS), partenaire d’une fondation au Centre universitaire de santé McGill et militant pour la sensibilisation au don d’organes.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion