Parmi nos sujets de conversation pré-noëlliens : la bataille autour de la légitimité des partys à 20, le bordel en ce qui concerne le retour au Canada des voyageurs, le choix de ne vacciner que très tardivement d’une troisième dose la population générale, alors que d’autres pays, dont la France, ouvrent les vannes.

Trois thèmes qui ont tous en commun la science mais qui deviennent au Québec plutôt des enjeux de politique et de communication. Mais en sommes-nous vraiment étonnés, au royaume de l’analphabétisme scientifique ?

Avant l’arrivée de la COVID-19, la science était la grande absente de nos vies. Dans les médias, quelques figures et une poignée de rendez-vous assurent le service essentiel : Découverte, Les années lumière, quelques chroniqueurs et magazines spécialisés… Avec la pandémie, le directeur national de santé publique du Québec, Horacio Arruda, est devenu l’incarnation de la science, alors que sa job était (et est encore) très politique. Les docteurs : Weiss, Quach-Thanh, Marquis, et autres épidémiologistes, gériatres et consorts, sur les réseaux sociaux, à la radio, à la télé, nous auront permis de comprendre les tenants et aboutissants de ce qui s’abattait sur nous.

Les médias ont été, encore une fois, le nerf de la guerre et de la connaissance. Les médecins répondaient à des journalistes souvent démunis et peu outillés ; que dire de nous, le public !

Il faut féliciter tout le monde pour le travail de vulgarisation, le crash course de COVID 101, mais il faut aussi regarder devant et se demander ce qu’engendre, durablement, dans une population, un déficit de connaissances scientifiques. Car il y a des conséquences, dont il faut parler. Il y a un lien direct entre l’explosion de la gang de complotistes qui, sur YouTube, sachent.

Ça donne des anti-vaccins qui croient que le vaccin tue, des politiciens comme Maxime Bernier qui exploitent la peur, et des covidiots qui ont peur de tout et qui n’enverront leurs enfants à l’école qu’en suit d’astronaute.

L’ignorance et le savoir

Peu de volontaires dans les médias ou aux gouvernements pour reprendre avec méthode et démonter un par un les arguments fallacieux. La job est laissée au bon vouloir et au dévouement d’internautes connus ou pas, qui se font copieusement insulter.

La COVID-19 a imposé des défis nouveaux aux médias. C’est une problématique complexe où la peur, l’incertitude et l’anxiété, sentiments normaux, sont attisées par l’ignorance.

Le remède à l’ignorance est le savoir. La science est le savoir. Mais quand elle ne sait pas encore, la science n’est pas science, elle est recherche. C’est là qu’elle pose les questions, elle doute, elle réévalue, se contredit, se confronte aux jugement des pairs. Et au bout d’un certain temps, elle sait.

La science est devenue savoir. Mais ce processus prend du temps. Les médias et les politiques, eux, sont pressés. La situation l’impose aussi, il faut le dire. Alors, au début de la pandémie, quand les journalistes interrogeaient les scientifiques, ceux-ci répondaient, avec modestie : on ne sait pas encore. Au mieux : on pense que. Cette position d’humilité de la science crée un trou dans le narratif, rapidement comblé par les gens sur YouTube qui, eux, SAVENT.

Les vulgarisateurs existent

La pandémie (et les sceptiques) ont fait leur nid dans ce déficit collectif de savoir et de connaissances scientifiques. L’intérêt pour la recherche, ses progrès, ses doutes, son relativisme, est peu partagé dans la population.

Pourtant, des vulgarisateurs éclairants, des passeurs allumés par l’interstellaire, des communicateurs de la nanoparticule existent et ont les mots pour nous faire comprendre, pour pointer les enjeux. Nos médias devraient faire un effort et leur passer le relais.

On veut, EN TOUS TEMPS, pas qu’en crise, des chercheurs, des astrophysiciens, des biologistes sur nos talk-shows, dans nos discussions d’affaires publiques, des spécialistes qui parlent climat, environnement avec des données scientifiques.

Car l’analphabétisme scientifique, celui des complotistes, d’une part, et celui de ceux qui ont peur, d’autre part, est source d’une importante fracture sociale qui se creuse sans cesse. Nous allons le constater et le prendre en pleine face dans quelques jours au gré de nos partys à 20, confrontés à des parents ou amis anti-vax. Ça flirte avec le déficit démocratique. Et ça nous vaut des programmations télé no brainer parce que « tsé, le monde y comprennent rien à la science »… Cercle vicieux.

Relevons, tous, le niveau. Parlons intelligence artificielle, environnement, santé, méthode, créons un star-système scientifique jusque sur TikTok.

Faisons crépiter nos neurones collectivement. Parce que le savoir est le (deuxième) meilleur des vaccins.

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