Les récentes catastrophes naturelles et sanitaires nous obligent à remettre en question le rôle que doit jouer les Forces armées canadiennes pour les années à venir.

Comme le précisait un article de Mylène Crête, le 2 décembre dernier, au sujet des difficultés de recrutement, les Forces armées canadiennes ont reçu 80 demandes de soutien des gouvernements fédéral et provincial au cours de la dernière année et demie, 70 étant liées à la pandémie de COVID-19.

Lisez le dossier de Mylène Crête et Judith Lachapelle (La Presse)

Les changements climatiques auxquels nous sommes confrontés mèneront à un nombre de plus en plus important de catastrophes naturelles comme celles qui frappent actuellement la Colombie-Britannique et Terre-Neuve. Le risque d’inondations, de glissements de terrain, de incendie de forêt, de tornade, de canicule, d’épisode de verglas etc. augmentera au cours des prochaines années et les militaires seront de plus en plus sollicités.

Or, est-ce que nos militaires sont bien formés et équipés pour répondre à ces besoins ?

Ayant été moi-même militaire au sein de la force de réserve pendant près de 12 ans, je me permets d’en douter. En effet, la formation que j’ai reçue à l’époque servait surtout à faire de moi un bon soldat. On nous apprenait à manipuler des armes de toute sorte, à les assembler et à les désassembler le plus rapidement possible. On nous apprenait également à creuser des tranchées et à maîtriser les tactiques de combat élémentaires héritées des deux grandes guerres mondiales.

J’ai été à même de constater les limites de notre capacité d’intervention lors des inondations de 2011 dans la région de Saint-Jean-sur-Richelieu.

Nous avions à l’époque été invités à prêter main-forte aux sinistrés. Je me rappelle avoir été désolé de constater les limites de la capacité d’intervention du personnel. La volonté et la motivation des membres ont rapidement été limitées par des enjeux de nature politique et opérationnelle. La contribution s’est donc presque limitée à remplir des sacs de sable afin de construire des digues et à aider quelques résidants à évacuer leurs résidences. Le creusage de tranchées aura eu cette utilité.

Réfléchir à l’avenir

Ainsi, je crois qu’il est grand temps de réfléchir à l’avenir que nous souhaitons pour le ministère de la Défense nationale qui bénéficie d’un budget annuel de plus de 20 milliards de dollars.

Les conflits armés se font de plus en plus rares et les conséquences de l’implication canadienne de plus en plus coûteuses pour la société. Sans compter les pertes de vies humaines, les souffrances liées au syndrome de choc post-traumatique, qui sont un réel fléau dans l’armée.

Le problème de recrutement est un symptôme de la mission actuelle des Forces armées canadiennes. Les prochaines générations ne seront plus enclines à combattre d’autres humains, peut-être seront-elles plus enclines à combattre les effets des changements climatiques ? Elles y trouveront probablement une plus grande source d’accomplissement.

Est-ce que le ministère de la Défense nationale devrait entamer une sérieuse restructuration afin de passer d’un rôle militaire à un rôle davantage axé sur l’aide humanitaire ? La question mérite d’être posée.

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