Avoir des ambitions environnementales est une chose, sacrifier la qualité de vie de ses concitoyens pour y parvenir en est une autre. Montréal est entré depuis quelques années dans une volonté de rendre la ville plus conviviale, verte et sécuritaire. Cette ambition peut se constater avec les chantiers qui ne cessent de se multiplier aux quatre coins de la ville.

Malheureusement, un choix surprenant a été fait pour réaliser cette politique, il s’agit de faire abstraction des dégâts collatéraux. Ainsi, si des citoyens sont victimes de la pollution liée à la réalisation d’un chantier, ce n’est pas important pour les responsables des chantiers, seul le résultat compte. Montréal en 2021 ressemble beaucoup aux secteurs pétroliers ou du tabac dans les années 1980, où seul le bénéfice comptait, peu importe que les individus tombent malades ou que les sols soient pollués.

Pour illustrer cette situation ubuesque pour l’année 2021, je souhaite citer l’exemple des travaux réalisés sur l’avenue des Pins, à Montréal. Dans le Plateau Mont-Royal, un grand projet a été annoncé par la municipalité : « La future avenue des Pins a été repensée pour améliorer la sécurité, le confort et l’expérience de tous. »

A priori, ce ne sont que de belles qualités qui sont intégrées dans ce projet. Toutefois, sa réalisation se fait selon les principes directeurs de la Ville, c’est-à-dire que seule l’atteinte du résultat compte, quel que soit le nombre de victimes.

Ainsi, les travaux ont démarré lors de la rentrée scolaire de 2021 autour de l’école au Pied-de-la-Montagne. Qu’un niveau de bruit insupportable soit infligé aux élèves et à leurs enseignants durant les heures de classe n’a jamais paru suffisamment gênant pour que quelque chose soit proposé. Depuis plusieurs mois maintenant, les engins de chantier et les marteaux-piqueurs sont devenus les bruits de fond dans lesquels les enseignants de l’école tentent d’assurer leurs journées de classe le plus efficacement possible pour les élèves.

Une joie de courte durée

Nous avons réussi, au prix d’un important effort et après de longues négociations, à convaincre que les conditions de vie au sein de l’école ne sont pas acceptables. Ainsi, nous avons obtenu que les travaux se fassent en partie en dehors des heures de classe. Cela paraissait une victoire pour nous, car nous pensions avoir réussi à rappeler à la municipalité que l’éducation et la vie scolaire sont importantes dans une ville.

Mais notre joie ne fut que de courte durée. Aujourd’hui, alors que les travaux commencent à s’éloigner sur l’avenue, de la poussière issue de semaines de travaux s’est infiltrée dans tout le bâtiment. Nous nous sommes alors tournés vers la Ville pour procéder au nettoyage relativement coûteux de l’école. La réponse a été claire et rapide : « Hors de question de vous aider. » Alors que dans le monde des affaires, une entreprise est obligée de remettre en l’état d’origine tout bâtiment ou terrain qu’elle pourrait avoir pollué, la Ville de Montréal estime que ce devoir moral ne lui incombe pas lorsqu’un chantier a fait des dégâts. Ça sera donc au système scolaire et à la population de trouver des solutions.

Il est indispensable que l’École, avec une majuscule, retrouve ses lettres de noblesse et puisse offrir un enseignement de qualité aux enfants. Cela ne pourra se faire tant que les élus municipaux estimeront que l’école et sa population sont secondaires par rapport au projet de verdissement d’une avenue. En conclusion, nous pouvons résumer ainsi la politique de la Ville de Montréal en matière de travaux publics : « Là où la Ville passe, l’environnement trépasse. »

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