Nous venons tous d’assister à un troisième meurtre d’adolescent commis dans l’île de Montréal. Ce meurtre semble tout à fait gratuit. Thomas Trudel, 16 ans, retournait chez lui. Il a été abattu tout juste avant d’entrer dans sa maison. Thomas a probablement été choisi au hasard par un jeune qui cherchait à relever un défi en passant un rite d’initiation à un gang de rue. En effet, on retrouve parfois ce genre de comportement chez les groupes d’individus criminels.

Le trouble de la conduite

En réaction à la montée de violence qui sévit à Montréal, tous clament donc haut et fort le besoin de contrôler l’entrée des armes à feu sur le territoire canadien. Malheureusement, cette mesure n’aura aucun effet, car le problème se situe à des années-lumière des frontières canado-américaines. Le problème se trouve encore plus loin, il se situe tout au fond de l’individu, dans sa structure de personnalité, dans sa psychologie.

Tant que nous n’aborderons pas la violence (tant conjugale que de gang de rue) d’un point de vue psychologique associé au trouble de la conduite, nous ferons fausse route et le problème ne fera que grandir.

En fait, la vraie question est non pas de savoir avec quelles armes les délinquants agressent, mais bien de savoir ce qui motive les délinquants à agresser. Autrement dit, réduisez la motivation des criminels à commettre des méfaits et vous aurez rapidement des effets sur la réduction de la demande d’armes illégales à la frontière.

La dissociation neurologique

Une grande partie de la solution du problème de la criminalité réside dans la connaissance que nous avons des motivations profondes des sociopathes. En général, les personnes violentes qui n’hésitent pas à abattre froidement une autre personne innocente, comme le jeune Thomas, sont des individus très particuliers qui ont atteint un haut niveau de dissociation. Leurs capacités de ressentir la souffrance de l’autre leur sont complètement inaccessibles (ils n’ont aucune empathie). Et cela s’explique assez bien.

Nous ne naissons pas dissociés, nous le devenons. Les études montrent en effet que les enfants vivant dans des environnements familiaux traumatisants (par exemple : beaucoup de violence, d’agressions physiques et sexuelles) se retrouvent généralement avec des symptômes sévères de stress post-traumatique. Une des conséquences les plus désorganisantes de ce syndrome est que le cerveau de l’enfant se « déconnecte » graduellement au point de vue des émotions. Motivée par la survie des organes vitaux qui ne pourraient pas tenir longtemps dans de tels états d’anxiété, une partie du cerveau éteindra (grâce à des substances biochimiques naturelles) une autre partie du cerveau qui est responsable du ressenti émotif.

Ainsi, le jeune traumatisé deviendra incapable de ressentir la moindre empathie envers les autres. Or, en conjonction à une rage narcissique d’avoir été si sauvagement traité dans l’enfance, le cerveau désensibilisé du jeune le motive à commettre toutes les atrocités auxquelles nous assistons (par exemple : tuer froidement une personne sans raison).

Nous ne pouvons y échapper comme société. Tout adulte violent puise ses motivations profondes dans une enfance violentée. C’est donc à cet endroit qu’il faut chercher la solution et non dans les postes douaniers internationaux.

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