Le 27 octobre, une cycliste est décédée après avoir été percutée dans l’arrondissement de Lachine, à l’angle de la rue Notre-Dame Ouest et de l’avenue Saint-Pierre. Bien que les circonstances exactes entourant l’évènement restent toujours à clarifier, plusieurs facteurs de danger liés à ce secteur ont été identifiés depuis très longtemps. Ce drame ne doit pas être considéré comme un évènement ponctuel, mais comme le résultat d’infrastructures inadaptées au partage de la route et particulièrement dangereuses pour les usagers du transport actif.

Entre 2012 et 2020, des données tirées de sources officielles (Ville de Montréal et SAAQ), et présentées par l’organisme Revitalisation Saint-Pierre, identifient 216 collisions impliquant au moins une voiture sur l’avenue Saint-Pierre, uniquement entre les rues Saint-Jacques et Notre-Dame Ouest. Parmi ces intersections, c’est celle avec la rue Notre-Dame qui est la plus accidentogène, avec 98 collisions répertoriées en huit ans.

Depuis plusieurs années, des enjeux sont soulevés par les citoyens, les organismes et les élus concernant la mobilité et la sécurité dans le secteur. De nombreux éléments expliquent cette situation : une piste cyclable discontinue rendant très risqué le passage vers le quartier Saint-Pierre, la présence de poids lourds devant manœuvrer à plusieurs reprises de manière dangereuse afin de pouvoir tourner en bloquant complètement la circulation ou en empiétant sur le trottoir, un temps de traversée insuffisant pour les piétons, une vitesse de circulation élevée sur la rue Notre-Dame de la part des automobilistes…

À cette intersection, le déficit d’aménagement pour le transport actif est facile à observer, et ce, depuis longtemps.

Cette situation est d’autant plus risquée pour certains groupes vulnérables en raison d’une mobilité réduite. En août 2017, au même endroit, une octogénaire a perdu la vie à la suite d’une collision avec un camion alors qu’elle traversait l’intersection.

Les solutions existent, les actions tardent à venir

Pourtant, des solutions existent et sont déjà identifiées. Plusieurs recommandations ont été émises par Vélo Québec allant dans ce sens. Celles concernant l’intersection Notre-Dame/Saint-Pierre incluent : l’ajout de passages cyclistes afin de permettre un franchissement sécuritaire des voies ; l’aménagement d’un refuge au centre de la chaussée sur Saint-Pierre, au sud de la rue Notre-Dame, pour faciliter l’accès à la piste cyclable du canal de Lachine ; l’ajout d’un passage piéton le long de la rue Notre-Dame ; ou l’élargissement et l’allongement du trottoir le long de l’avenue Saint-Pierre afin de créer un sentier polyvalent.

Le ministère des Transports du Québec prévoit une réfection complète de la zone entourant l’échangeur Saint-Pierre. Des transformations profondes sont indispensables à la création d’un environnement convivial et adapté à tous les modes de déplacement dont le transport actif et, plus généralement, au désenclavement du quartier Saint-Pierre.

Mais le drame récent et la fréquence des collisions observée nous poussent à affirmer que la sécurisation de la zone ne peut plus attendre et demande des aménagements dans les plus brefs délais.

Le diagnostic est établi, les solutions existent. Il est temps aujourd’hui d’investir afin d’assurer une expérience sécuritaire et conviviale du secteur à tous ceux et celles optant pour des modes de transport durables. Malheureusement, des évènements comme celui qui vient de survenir arrivent régulièrement dans ce secteur et à Montréal, et continueront à survenir si rien ne change. Il est temps de prendre acte de ces tragédies et de mettre en œuvre des mesures efficaces et structurantes afin de prévenir de futures collisions évitables.

*Cosignataires : Enrico Ciccone, député de Marquette à l’Assemblée nationale du Québec ; Maja Vodanovic, mairesse de l’arrondissement de Lachine ; Myriam Grondin, directrice de Concert’Action Lachine ; Henri Chevalier, directeur général de la CDEC LaSalle-Lachine ; Catherine Houbart, directrice générale du GRAME ; Jean-François Lefebvre, vice-président d’Imagine Lachine-Est ; Paul Bourque, président-directeur général de PABECO Inc. ; Jean-François Rheault, président-directeur général de Vélo Québec ; Sandrine Cabana-Degani, directrice de Piétons Québec ; Emmanuel Rondia, directeur général du Conseil régional de l’environnement de Montréal ; Daniel Lambert, porte-parole de la Coalition mobilité active Montréal

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion