Pour préparer le terrain en vue de la conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP26) à Glasgow, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié son rapport World Energy Outlook 2021, qui met en évidence quatre mesures clés pour combler l’écart entre les plans actuels et les réductions nécessaires pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050, également appelé « écart d’émissions ».

À la COP26, on verra les nations se mesurer à ces quatre impératifs. Qu’est-ce qui est en place au Canada dans ces quatre domaines cruciaux ?

L’électrification propre

Selon l’AIE, l’accélération de la décarbonation du mix électrique est le levier le plus important et pourrait combler plus d’un tiers de l’écart d’émissions. Le gouvernement fédéral s’est engagé à obtenir un système d’électricité carboneutre d’ici 2035. À la COP26, et en tant que membre fondateur de l’Alliance : Énergiser au-delà du charbon, le Canada a l’occasion de démontrer son leadership. Alors que l’engagement du gouvernement fédéral à éliminer progressivement le charbon d’ici 2030 est une étape essentielle de la transition vers le système promis, la source d’énergie que les provinces utiliseront pour remplacer les centrales au charbon façonnera le secteur de l’électricité pour les décennies à venir. Elle sera également un pilier central de la décarbonisation des secteurs du transport, des bâtiments et de l’industrie – à condition que les solutions de remplacement du charbon ne produisent pas d’émissions. De plus, le passage à l’électricité propre au moment de l’élimination progressive des combustibles fossiles, note l’AIE, peut protéger les consommateurs contre le choc des prix du pétrole et du gaz.

L’efficacité énergétique

L’électrification et l’efficacité énergétique vont de pair pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et gérer l’augmentation de la demande en électricité. L’AIE appelle à mettre l’accent « sans relâche » sur l’efficacité énergétique pour réduire l’intensité énergétique de l’économie mondiale d’au moins 4 % annuellement entre 2020 et 2030. Les libéraux fédéraux se sont engagés à lancer une stratégie nationale pour rendre les bâtiments carboneutres ; peut-être verrons-nous à Glasgow le gouvernement présenter plus de détails sur les investissements et mesures nécessaires à cet objectif. L’atteinte des objectifs climatiques exigera aussi une amélioration de l’efficacité énergétique dans le secteur industriel. À Glasgow, le gouvernement pourra aussi tirer parti des leçons apprises par d’autres pays sur la façon de favoriser une décarbonisation profonde de l’industrie. La gestion de l’augmentation de la demande d’électricité est essentielle pour maintenir la transition énergétique propre abordable.

Les émissions de méthane à réduire

L’AIE affirme que des réductions rapides des émissions de méthane (un GES puissant) sont essentielles pour maintenir un climat stable. S’attaquer au méthane dans le secteur pétrolier et gazier, qui offre les possibilités de réduction les plus rentables, pourrait combler l’écart d’émissions de près de 15 %. Les libéraux se sont engagés à réduire les émissions de méthane d’au moins 75 % par rapport aux niveaux de 2012 d’ici 2030 et ont confirmé leur soutien à l’engagement mondial sur le méthane (qui vise une réduction de 30 % des émissions mondiales de méthane provenant du secteur pétrolier et gazier, de l’agriculture et des sites d’enfouissement d’ici 2030). Lors de la COP26, le Canada pourra s’appuyer sur ces engagements pour encourager d’autres à faire de même. Ça sera également le moment de jeter les bases d’une collaboration étroite avec les États-Unis et de démontrer l’énorme avantage des initiatives transfrontalières pour l’action climatique.

L’innovation technologique

Selon l’AIE, la moitié des réductions pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050 proviendra de technologies qui sont aujourd’hui au stade de la démonstration ou du prototype. Le gouvernement fédéral a élaboré une stratégie visant à intégrer l’hydrogène dans le bouquet énergétique et a promis une stratégie sur le captage, l’utilisation et la séquestration du carbone, qui joueront un rôle dans la décarbonation de secteurs industriels comme le ciment, l’acier, le pétrole et le gaz.

Pour permettre des décisions éclairées dans le secteur pétrolier et gazier, le Canada doit d’abord combler une lacune importante. Le scénario de carboneutralité de l’AIE, qui offre une représentation d’un futur dans lequel l’objectif de Paris est atteint et l’utilisation des combustibles fossiles est diminué considérablement, a transformé la conversation énergétique mondiale au cours des derniers mois. Or, la Régie de l’énergie du Canada n’inclut toujours pas de scénario similaire dans ses rapports sur l’avenir énergétique du pays – un outil essentiel pour analyser les risques et les opportunités liés à la transition vers une économie globale à faible carbone et l’impact sur le secteur pétrolier. Le Canada a de la planification à faire pour cette transition dans les marchés énergétiques, déjà bien entamée, et cette profonde transition économique en appuyant des secteurs en croissance, et non en déclin, et en axant ses politiques sur les travailleurs en prévoyant des mesures d’équité et d’inclusion.

On ne saurait trop insister sur l’importance de la COP26. Les deux prochaines semaines mettront à l’épreuve la capacité du Canada à se présenter comme un chef de file en matière de climat et à combler son propre écart d’émissions vers sa cible de réduction pour 2030.

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