En tant que Québécois résidant à Kongsberg, en Norvège, depuis maintenant cinq ans, les évènements qui sont arrivés cette semaine me rappellent de mauvais souvenirs, en plus de susciter incrédulité et incompréhension.

Comment un évènement aussi tragique peut-il survenir dans une « kommune » (municipalité) aussi tranquille, où tous les besoins sont comblés ? Dans un pays où chacun fait son « dugnad » (travail volontaire) à l’école, dans les sports, ou juste pour aider son prochain. Cela nous rappelle qu’il y a toujours des laissés pour compte, ceux pour qui la vie en société ne fonctionne pas, ceux qui ont malheureusement une vie solitaire dans laquelle seuls leurs problèmes sont récurrents.

Souvenir, car en décembre 1989, j’étais étudiant à l’École Polytechnique de Montréal, et j’ai été un témoin impuissant des évènements qui ont changé ma perception de la vie, affecté de près ou de loin plusieurs de mes collègues et soulevé à l’époque les mêmes sentiments d’incrédulité et d’incompréhension.

Mais il y a une chose qui diffère beaucoup entre les deux évènements : l’attention portée aux humains, à tous les citoyens de la grande famille de Kongsberg. Même si je ne subis pas directement les conséquences de l’attaque de cette semaine, j’apprécie les communications de la municipalité qui, dès les premières heures, a établi un centre de soutien où tous pouvaient demander du soutien ou communiquer leurs inquiétudes. Aussi, en plus des communications sur les médias sociaux, des textos personnalisés ont été envoyés avec l’information pertinente.

Je ne peux que penser à tous les problèmes qui auraient pu être épargnés à beaucoup si une attention à grande échelle avait existé dans le temps… Je crois que ça fait partie de l’expérience, de ce qu’on apprend au fil des évènements que l’on vit.

Maintenant que l’on peut mettre des visages sur les victimes, certains sont soulagés, d’autres sont surpris et, enfin, les proches peuvent vivre leur deuil. Ici, tout le monde connaît un peu tout le monde, c’est donc un voisin, un collègue ou un ami qui est touché. Dans une ville comme ici, où le parc technologique emploie des milliers d’ingénieurs, l’illogique fait partie de l’inhabituel. Mais comme toujours, l’humain est résilient, la société aussi, et même si on doit encore panser les plaies, on doit aussi continuer de penser au futur, regarder devant et continuer notre vie. En tant qu’expatrié, c’est dans des moments comme celui-là que l’on se sent vraiment loin de notre famille, de nos proches.

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