En réaction à l’éditorial d’Alexandre Sirois* concernant la surutilisation des écrans chez les jeunes, publié le 2 octobre.

Je suis une enseignante au secondaire (23 ans dans le domaine). J’ai souvent donné des ateliers sur le phénomène du FOMO (fear of missing out, la peur de rater quelque chose) et son lien avec la technologie et la surutilisation des téléphones (et des écrans). Je ne peux pas parler des répercussions sur les tout-petits (comme prof au secondaire, je n’ai pas vraiment d’expérience avec les plus jeunes !), mais j’ai une perspective particulière avec les plus vieux.

Nos ados ne sont pas stupides. Ils sont raisonnables… si on prend le temps de discuter avec eux. Bannir les téléphones et les écrans, dans un monde qui fonctionne dans le numérique, est ridicule et inutile si on ne prend pas le temps de leur parler des raisons pour lesquelles cette dépendance est néfaste. Il faut transformer cette utilisation abusive en une utilisation qui est intelligente, signifiante et structurée. Nous avons (le grand Nous, le Nous socio-économique) créé un monde dans lequel une personne se voit souvent obligée de se tourner vers la technologie numérique pour subvenir à certains de ses besoins. Même les divertissements « classiques » comme la lecture sont offerts sur des plateformes virtuelles et numériques.

Être anti-techno ou s’opposer à la technologie contemporaine pourrait paraître dans certaines situations un peu déphasé ou anachronique.

Une école (ou une famille, ou un gouvernement, etc.) qui décide de restreindre l’utilisation se doit d’expliquer les pourquoi, les comment de cette restriction… et pas juste dire « c’est pas bon pour la santé ». Même un plus jeune, aussi entêté qu’il puisse être, peut saisir les raisons pour lesquelles nous sommes accros aux écrans et ce que ça engendre (et les adultes sont tout aussi accros que les jeunes, soyons clairs !).

Je pourrais parler longuement de ces raisons (la comparaison sociale, le manque d’estime de soi, la production de dopamine, etc.), mais il existe plusieurs études qui en parlent potentiellement mieux que moi ! Vulgariser ces études et les présenter aux jeunes, c’est possible. Et comme toute forme de dépendance, il faut offrir des cures de désintoxication (parce que c’est une forme de dépendance… le numérique est une drogue ! Et quand on cache les drogues, ça ne règle pas le problème !).

*Lisez « Protéger nos jeunes de “l’opium mental” » Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion