Question : que fait-on pour régler le problème de surutilisation des écrans chez les jeunes du Québec ?

Si on habitait dans une dictature, ce serait simple.

Regardez ce qui vient de se produire en Chine.

Pékin a décidé d’interdire aux mineurs de jouer plus de trois heures par semaine aux jeux vidéo en ligne, qui sont devenus, selon le régime, un « opium mental ».

Et voilà ! Aussitôt dit, aussitôt fait !

Les conséquences négatives qui ont poussé les autorités chinoises à agir (« baisse de la vision, impact sur les résultats scolaires, manque d’activité physique ou risque d’addiction », a rapporté l’Agence France-Presse) vous sont certainement familières.

Nous faisons face aux mêmes problèmes… auxquels il faut ajouter le lien de plus en plus évident avec la détresse psychologique de la jeune génération. N’en déplaise aux géants du numérique, qui font des milliards sur le dos des plus vulnérables (et des autres aussi, cela dit, vous faites fort probablement partie de leurs victimes consentantes).

Les jeunes sont coincés. Les parents et les enseignants sont souvent désemparés.

C’est un problème de santé publique et l’État a un rôle à jouer.

C’est pourquoi il faut saluer les efforts faits par Québec pour mieux protéger nos jeunes.

Le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux Lionel Carmant a mené lundi dernier une deuxième et dernière consultation avec des experts à ce sujet.

L’initiative doit permettre de préparer un plan d’action qui sera rendu public d’ici la fin de l’année.

Il ne sera pas trop tôt.

Alors, que fait-on ?

Pour commencer, Québec peut offrir des balises claires et du soutien aux parents, aux enseignants et aux jeunes.

C’est l’intention du ministre Carmant.

Lors de la première consultation, l’an dernier, il avait dit juger qu’il « faut être beaucoup plus strict avec les 0-5 ans qu’en ce moment ».

Les enfants passent en effet probablement trop de temps, trop tôt, sur les écrans.

Il serait assez facile de mettre en place un encadrement précis, qui servira de modèle pour les familles du Québec.

Pour les jeunes plus âgés, c’est plus compliqué.

Les écrans peuvent désormais jouer un rôle clé dans l’apprentissage. À l’école, mais aussi à la maison, lors des devoirs. Sans oublier les possibilités de socialisation offertes par les nouvelles technologies.

Québec n’aura pas la tâche facile. Mais ses recommandations seront d’autant plus importantes.

On ne voudrait pas donner l’impression, cela dit, que rien n’a été fait jusqu’ici.

Comme on l’avait annoncé l’an dernier, des intervenants en provenance d’organismes communautaires viennent d’être déployés dans toutes les écoles secondaires du Québec. Ce n’est pas rien.

Mais ce n’est pas encore suffisant.

Une fois le plan d’action dévoilé, Québec pourrait investir dans la recherche pour être en mesure de bien cerner le problème.

Il est toujours difficile de guérir un patient lorsque son mal n’a pas été assez bien diagnostiqué.

Et il faudra bien, un jour, tenir tête aux géants du numérique et à l’industrie du jeu vidéo. Lors des plus récentes consultations, des experts ont rappelé qu’on subventionne grassement les entreprises qui œuvrent dans ce domaine… sans pourtant assortir ces investissements de conditions.

Notons enfin que nous aurions tout avantage à réfléchir, en tant que société, à l’environnement qu’on offre à nos jeunes. Le monde virtuel comble des besoins dont on ne se soucie peut-être plus assez dans le monde réel.

Magali Dufour, du département de psychologie à l’UQAM, a soulevé cet enjeu dans le cadre des consultations.

« Je pensais aux deux environnements dans lesquels ils sont le plus souvent : familial et scolaire. Est-ce qu’on prend suffisamment le temps de renforcer et de souligner les bons coups ? C’est ça, aussi, les jeux et les réseaux sociaux ; c’est se faire dire qu’on est bon, qu’on a une place. Alors, comment faire pour aller le chercher ailleurs ? Le besoin va rester présent », nous a-t-elle confié par la suite.

Nous aurions donc tout avantage à ne pas seulement nous demander ce que l’État peut faire pour nos jeunes, mais à réfléchir à ce que nous pouvons faire, nous aussi, dès aujourd’hui.

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