Les élections municipales approchent à grands pas, et nous nous saisissons de l’occasion pour rappeler l’importance, souvent sous-estimée, de l’aménagement de nos villes et de nos communautés pour notre santé, notre bien-être et notre espérance de vie.

Les acteurs municipaux peuvent prendre de nombreuses décisions afin de créer des aménagements urbains favorables à la santé, non seulement rentables pour l’économie, mais qui peuvent réduire de façon substantielle les coûts en santé.

Il est maintenant bien connu que les transports en commun, les pistes cyclables et les réseaux piétonniers incitent les gens à bouger et permettent de lutter efficacement contre les maladies associées à l’inactivité physique, telles que le diabète, les maladies cardiovasculaires et le cancer. Au Canada, la facture de l’inactivité physique atteint près de 7 milliards de dollars annuellement en coûts directs et indirects de santé !

Pour faciliter l’adoption d’un mode de vie actif, une cible intéressante pour une municipalité urbaine serait d’assurer que chaque citoyen réside à au plus 500 m d’un arrêt de transports en commun et à au plus 300 m d’une piste cyclable. Ces mesures porteuses ont fait leurs preuves ailleurs dans le monde.

L’espace municipal peut également adopter des mesures pour lutter contre la pollution atmosphérique. Ce faisant, il pourrait contribuer à diminuer le lourd fardeau qui y est associé dans la province : 4000 décès prématurés par an, 33 % des maladies cardiovasculaires, 16 % des maladies pulmonaires obstructives chroniques et jusqu’à 8 % des cancers respiratoires. De plus, des études récentes associent l’exposition à la pollution au développement de la démence chez les aînés, à l’initiation de l’asthme et à des retards cognitifs chez les enfants, et à une hausse des problèmes de santé mentale chez les adultes, dont la dépression et l’anxiété.

Heureusement, les solutions sont multiples et peuvent être déployées dans l’ensemble des municipalités, autant dans les milieux urbains que ruraux. Assurer le développement d’un réseau de transport collectif de qualité, empêcher la construction d’autoroutes à proximité des milieux de vie, dont les écoles, et éliminer les îlots de chaleur sont des engagements pouvant être portés par les municipalités et qui ont un impact positif direct sur notre santé.

Un autre avantage des transports actifs et en commun, c’est qu’ils permettent de libérer de l’espace pour le verdissement urbain.

Les études médicales sont très claires sur ce point : un verdissement urbain optimal, représentant une canopée d’au moins 40 % sur le territoire urbanisé, peut réduire, entre autres, la prévalence du stress de 39 %, et la mortalité générale prématurée de 10 % à 20 %. C’est énorme : aucune pilule médicale n’offre un tel effet !

Ces cibles sont l’objectif d’une nouvelle initiative qui vise à positionner les enjeux d’aménagement urbain liés à la santé au cœur des élections municipales. Ainsi, en proposant 20 engagements concrets, structurés autour de la santé physique, de la santé mentale, du bien-être et des saines habitudes de vie, l’initiative Je vote pour ma santé offre une belle occasion de faciliter un engagement ferme pour la santé de tous et de mettre de l’avant des mesures positives pour notre santé, et portantes pour nos finances publiques.

Si ces derniers mois de crise sanitaire, doublés d’une crise climatique, nous ont bien appris quelque chose, c’est que la santé est réellement l’affaire de tous.

*Cosignataires : Dre Johanne Elsener, présidente de Santé Urbanité ; DFrançois Reeves, cardiologue d’intervention au CHUM ; Sylvain Gariépy, président de l’Ordre des urbanistes du Québec ; Kevin Bilodeau, directeur, relations gouvernementales, Québec, Fondation des maladies du cœur et de l’AVC ; Dominique Massie, directrice générale de l’Association pulmonaire du Québec ; DFabrice Brunet, président-directeur général du CHUM

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