Je suis beaucoup de choses. Drôle. Curieuse. Hôte d’un très handicapant trouble d’anxiété généralisé. Et j’en passe. Je suis tout cela, mais je ne suis pas antivax. Ni complotiste. Ni contre la science. Et je crois bien avoir toute ma tête. Pourtant, cette histoire de passeport vaccinal me rend chèvre.

Depuis des semaines, je ne dors plus. Les attaques de panique se succèdent. Pis, elles s’accélèrent au rythme des reproches de mes proches. De ma société, même. Pourquoi ? Parce que je ne suis pas vaccinée. Pas que je ne veux pas. Je ne peux pas. C’est physique. Tout mon être s’y refuse.

Par trois fois, je me suis rendue au centre de vaccination. Par trois fois, j’ai dû rebrousser chemin, caduque. Je me crispe. Je pleure. Je m’effondre. Mes réactions sont disproportionnées, j’en conviens, mais je n’y peux rien. Le vaccin est sécuritaire, je n’en doute point. Il est essentiel pour protéger les plus vulnérables de la société, je ne le remets pas en cause. Pourtant…

Les chiffres s’affrontent dans mon cerveau paniqué. Les statistiques s’en mêlent. Les discours contradictoires des différents gouvernements brouillent les cartes.

Une dose. Deux doses. Trois doses (?). Les assouplissements sanitaires qui tardent à se ramollir. Les pays défavorisés (Haïti, pour n’en nommer qu’un au hasard) qui se meurent de tout et de partout, laissés à eux-mêmes, désorganisés, incapables de respecter les gestes barrières de base, d’acheter ou d’acheminer des vaccins pour la population mourante. La culpabilité d’être née du bon côté de l’Amérique qui monte en flèche. Mes droits. Mes obligations. Une contre l’autre, toutes elles se fracassent, mes pensées.

Le premier dit que la vaccination n’est pas sujet à débat. Pourtant, son caractère obligatoire – dans la mesure où son choix n’est pas sans contraintes – l’est certainement. Incapable de faire autrement, je suis maintenant dans l’impossibilité de faire ces petits riens qui permettaient à ma santé mentale de ne pas se fissurer. Bien plus que des activités non essentielles, pour moi, elles sont un port-salut. Mais de ma situation personnelle, on s’en fout un peu, j’en conviens. Il n’empêche, je voulais vous faire part d’un autre point de vue, au cas où certains d’entre vous auraient l’envie de mettre tous ceux qui n’ont pas leurs deux doses dans le même bateau.

Sur ce, honteuse, je retournerai au centre de vaccination en espérant que la quatrième fois sera la bonne.

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