Le 29 août dernier, la boxeuse Marie-Pier Houle a porté un coup fatal à son adversaire Jeanette Zacarias Zapata dans une joute de boxe qui a mal tourné. Depuis, une vague de consternation quant aux risques associés à la boxe professionnelle a retenti.

Il est difficile d’imaginer que la victime, âgée de 18 ans, était pleinement consciente des issues macabres de son choix de participer à cet évènement. Tous cherchent quelqu’un à blâmer pour cette tragédie, que ce soit les promoteurs, le gouvernement, les spectateurs du sport, Marie-Pier Houle elle-même. Il est fort possible que d’un point de vue juridique, il y ait eu faute quelque part chez une de ces parties prenantes. Toutefois, si un procès découle de cet évènement singulier, il n’offrira qu’une réponse partielle à un malaise que partagent plusieurs, soit celui que les sports de combat n’ont pas leur place dans une société contemporaine.

La première question qu’un néophyte se pose en voyant défiler les images de la boxeuse à terre, luttant pour sa vie, est celle de l’utilité d’avoir des sports de combat diffusés sur la place publique. Les combattants diront que c’est une passion, les promoteurs, que c’est une entreprise commerciale légitime, le gouvernement, que c’est un moindre mal et les spectateurs, que c’est très amusant. Il est vrai que le judo ou le hockey sont également des sports qui possèdent un degré de violence que certains pourraient déplorer.

Néanmoins, boxe ou arts martiaux mixtes demeurent des activités où l’objectif principal est de détruire l’humain devant soi, de s’assurer qu’il ne se relève pas du dernier coup.

On ne peut pas négliger que les amateurs de ces sports ont tendance à déshumaniser leurs participants. Il suffit d’entrer dans un bar sportif un soir de combat pour constater l’effervescence d’une atmosphère où chacun espère qu’un des deux participants faillisse à son tour. Une violence qui ne serait pas tolérée dans un autre contexte est vénérée par l’auditoire quand un cadre réglementaire existe. L’État accorde un monopole de la violence aux officiers de la paix ou aux forces armées, mais toujours dans une optique de bien public et de sécurité. Il est plus difficile de cerner pourquoi ce monopole serait étendu à une pratique qui profite principalement aux bookmakers, aux chaînes de télévision et aux clients de débits de boisson.

Le gouvernement dira que le cadre réglementaire est mis en place pour éviter que des matchs de boxe aient lieu illégalement et pour que l’industrie du jeu qui y est associée soit contrôlée. Ce raisonnement est fautif.

D’abord, de nombreux torts sont tout de même illégaux malgré leur passage vers le monde criminel, notamment les drogues dures ou les prêts usuraires excessifs. Dans les deux cas, la société juge que peu importe la conjoncture, ces torts ne sont pas acceptables. Par ailleurs, la légalisation de combats violents permet à cette pratique de disposer d’une plateforme qui est bien plus étendue que celle de combats illégaux. Non seulement la diffusion de joutes permet à tous de voir en temps réel une mort accidentelle entérinée par l’État, mais la popularité et la semblance de succès financier des athlètes prétend offrir à de jeunes sportifs un chemin de carrière fruitif.

Somme toute, il n’est pas clair que bannir la boxe professionnelle guérira tous les maux cités plus haut. Obtenir plus de clarté nécessite de se pencher davantage sur ce que gagne le Québec en maintenant le régime actuel ou en le changeant ; tout pour éviter qu’un autre évènement tragique comme celui de dimanche dernier ne se répète.

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