« Les déchets, la transformation des forêts en latérite, les bidonvilles, la mercantilisation de l’air, de l’eau et des gaz à effets de serre […] sont des créations de richesses et de la croissance. » — Bernard Maris (1995)

« Puisque nos dirigeants (politiques et économiques) sont aussi incompétents, fous et pervers, notre type très particulier de civilisation risque vite de s’éteindre. » — John. K. Galbraith (1918)

La pandémie de COVID-19 et les catastrophes que nous vivons en ces jours ne sont qu’un prélude aux cataclysmes qui nous guettent. Nous avons dévasté et mis sens dessus dessous notre planète.

Le coupable est multiple, mais le plus direct reste la façon dont on conduit l’exploitation de ce que la Terre donne depuis près de deux siècles. En tête vient la façon de pratiquer l’économie et d’user de son bras armé, l’école de gestion.

Stopper la croissance

Dès le début des années 70, le Club de Rome et les travaux de Meadows et Forrester ont donné le rapport Halte à la croissance ! Déjà, il était établi, solides simulations à l’appui, qu’en continuant à faire de l’économie-gestion-croissance sur le mode des années 60 (déjà), le monde irait de catastrophes en crises qui culmineraient, selon les modélisations, avec un cataclysme planétaire majeur vers les années 2015 – 2020 ! Prémonition imparable ! Avertissements et alarmes se sont multipliés. Des centaines de rapports se sont succédé : GIEC, OCDE, Club de Rome. L’économiste Manfred Max-Neef a montré que depuis la décennie 1980, chaque dollar de plus en « croissance » (PNB…) générait plus de dégâts que le précédent : en pauvreté, chômage, pollution, GES… Nul n’en eut cure. Ni les milieux d’affaires, ni les politiciens, ni les écoles d’économie-gestion. Même si tout premier venu peut comprendre que nulle croissance infinie n’est possible en notre Terre. Comment ose-t-on parler de « retour de croissance pour sortir de la crise de la COVID-19 » ? Puisque c’est justement la façon de faire cette croissance qui nous y a menés ! On me rétorquerait qu’on y parle de responsabilité sociale, de développement durable, d’économie soutenable, verte, circulaire, je contre-rétorquerais que tout cela n’est qu’incantations creuses, vernis de bonne conscience. Rien de destructeur, à commencer par les profits maximaux, n’y est remis en cause. On pourrait aussi me rappeler les cas du tiers-monde qui « a besoin de croissance »… Là aussi, il y a des réponses comme l’idée de « croissance organique différenciée » du Club de Rome, la taxe Tobin…

Stopper les écoles d’économie

Fermer les écoles d’économie, à l’origine des théories du « comment faire de la croissance infinie », est un premier pas absolu. Cesser immédiatement d’enseigner une pensée économique dangereuse et dépassée (néolibérale à 99 %), course au saccage de cette planète, me paraît aussi évident qu’indispensable.

Continuer ainsi relève de l’acte criminel, sachant ce que nous savons et observant ce que nous observons. Comment oser continuer à enseigner qu’enrichir toujours plus les riches, faire croître PNB et PIB… sans limites, serait encore la bonne façon d’assurer prospérité et qualité de vie ?

Je demande de stopper cette gabegie intellectuelle, d’autant que l’économie n’a jamais été une science. Ce n’est qu’une idéologie au service de ceux qui en profitent en dégradant et en détruisant chaque jour davantage ce qui nous est vital : l’air, l’eau, les océans, les forêts, le climat, les terres, l’équilibre des écosystèmes…

Stopper les écoles de gestion

Je dis « fermer » les écoles d’économie et de gestion « telles qu’elles sont aujourd’hui », en attendant de redéfinir tout ce qu’on y enseigne.

Car l’école de gestion, c’est le bras armé au service de l’idéologie qui assigne ce qui est à faire pour servir l’économie : le néolibéralisme !

On y met en pratique les diktats des desideratas des riches. On y endoctrine à ce qui sert les insatiables nantis. Il n’y a là ni sciences ni connaissances (voir preuves dans les livres cités plus haut). Il n’y a que techniques et procédures aveugles du « how to make money ». Au détriment de qui ? de quoi ? pour qui ? pourquoi ? jusqu’à quelle limite ?… sont des questions qui ne se posent pas. Qui me prouvera qu’il y a un iota de « scientifique » ou de « connaissance » (au sens de la physique, de la philosophie, de l’anthropologie, de la biologie) dans la comptabilité ? la finance ? la stratégie d’entreprise ? le management (Fayol lui-même parlait de « doctrine » venant de la pensée des dirigeants) ? Or, des techniques, des formules, des procédures et des décalogues de « how to » non seulement ne sont ni savoirs ni sciences, mais pire : ce ne sont que « how to ? » sans recherche de sens pour les encadrer, que du non-sens, porté par des gens que l’on fait se croire « savants ». Point.

Et c’est un professeur d’économie-management chevronné qui vous le dit.

Arrêtons le massacre des business economics et des business administration schools !

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