La fièvre des séries résonne encore dans la métropole et la grand-messe du sport bat son plein. Dans ces circonstances, nous pourrions conclure que le milieu sportif s’est complètement remis de la dégelée imposée par la pandémie. Si l’élite et les professionnels sont plutôt choyés, il en va autrement du sport amateur. Ce dernier est porté à bout de bras par des intervenants dévoués, sous-payés et profondément mis à mal par la COVID-19. Nous devons leur venir en aide.

D’emblée, la Coalition avenir Québec devrait appliquer les suggestions de Richard Legendre, du Pôle sports de HEC. De tout temps, nos gouvernements successifs ont considéré le sport et les loisirs comme des domaines de deuxième ordre. Avec la mise sur pied d’un ministère à part entière et la tenue d’États généraux, Québec romprait enfin avec cette triste tradition.

Malgré la portée symbolique de ces gestes forts, ils ne suffiraient pas à rectifier le sous-financement chronique du sport que la crise a révélé. Rappelons qu’au Québec, le sport n’est financé qu’à la hauteur de 0,1 % du PIB. À titre de comparaison, le domaine culturel reçoit 1 %. C’est donc dire que la culture empoche 10 fois plus d’argent public que le sport. Évidemment, personne ne s’oppose au financement de la culture. Néanmoins, un déséquilibre aussi profond entre ces deux pôles semble difficile à justifier compte tenu de l’apport essentiel du sport en matière de santé publique.

En outre, le fait d’investir davantage dans le sport pourrait s’avérer un moteur de fierté nationale et de cohésion sociale aussi puissant que la culture, voire davantage.

À ce chapitre, l’État québécois devrait reprendre une cause primordiale, mais délaissée, soit le fait de compétitionner dans les évènements sportifs internationaux en tant que nation fédérée. Ainsi, la joie d’encourager nos propres équipes se doublerait d’une rétention précieuse de talent et d’expertise. Cette idée n’est pas saugrenue. Le pays de Galles et l’Irlande du Nord possèdent leur troupe respective au soccer. Certes, le Québec se trouve sous l’égide d’une confédération qui ne jouit pas de la même maturité que celle de la Grande-Bretagne. Les négociations à entamer s’avéreront ardues, mais le jeu en vaut la chandelle.

Démocratiser la forme physique

Dans le même ordre d’idée, le Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) aurait tout intérêt à diffuser les matchs de ses ligues étudiantes. Cela permettrait non seulement à un plus vaste auditoire d’assister aux joutes, mais également à nos jeunes athlètes de revoir leurs performances dans un esprit d’amélioration constante. Ultimement, cette médiatisation pourrait créer un engouement semblable à celui qui prévaut chez nos voisins du Sud.

Les kinésiologues sont clairs : notre forme physique collective s’avère, en moyenne, lamentablement moins bonne qu’auparavant. Notre élite sportive bat des records, mais la forme physique ne s’est tristement pas démocratisée, bien au contraire. Pourtant, l’accès généralisé à la forme physique ne coûterait presque rien à l’État, en plus de générer une panoplie de retombées positives. Pour contrer l’illettrisme sportif et la sédentarité qui se sont accentués durant la pandémie de COVID-19, Québec devrait accroître les heures allouées à l’activité physique dans toutes les écoles. Les plateaux sportifs scolaires devraient également être rendus accessibles en dehors des heures d’activité.

À l’instar du milieu culturel, le milieu sportif devrait multiplier les partenariats avec les établissements scolaires. De telles sorties éducatives permettraient d’initier les jeunes à des sports méconnus tout en donnant un solide coup de pouce à nos associations sportives. Enfin, il pourrait s’avérer intéressant de viser certaines écoles secondaires pour y implanter un programme de mise en forme inspiré par le Physical fitness program du président Kennedy. Si les résultats s’avèrent probants, nous pourrions ensuite l’étendre à l’ensemble des écoles du Québec. Après tout, le sport, c’est la santé !

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