Il est passé minuit pour une cinquantaine d’entreprises de la Beauce paralysées dans leurs opérations par la lenteur du gouvernement fédéral à délivrer les permis nécessaires aux travailleurs étrangers. Exaspérés et déjà sous le coup de la pénurie de main-d’œuvre, ces entrepreneurs lancent un cri du cœur : la situation répétée met en péril des centaines d’entreprises de tous les secteurs, crée un stress insidieux, menace la santé des employés et la croissance économique du Québec.

Appuyées par des entreprises signataires, la Chambre de commerce et d’industrie Nouvelle-Beauce, Développement économique Nouvelle-Beauce, le député provincial de Beauce-Nord ainsi que le député fédéral de Beauce, les entreprises Groupe Ferti, Structures RBR, Toitures Fecteau et Les Cèdres de Beauce ont pris le problème à bras le corps et pressent le premier ministre Justin Trudeau d’exiger auprès des autorités d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) que le dossier des travailleurs étrangers s’accélère.

Le problème ne date pas d’hier. Qui plus est, il est amplifié par la pandémie et un taux de chômage en Chaudière-Appalaches de 3,8 % (mai 2021). Chez Groupe Ferti, seulement 28 % des travailleurs mexicains attendus au printemps pour soutenir les 64 autres employés étaient en poste en juillet. À coups de démarches et de suivis, ils finissent par arriver au compte-gouttes, toujours plus tard dans la saison. Une situation inexplicable, d’autant plus que les contrats sont signés depuis plus d’un an.

La situation n’est pas plus réjouissante chez Structures RBR et Toitures Fecteau. Après quatre mois, 76 % des travailleurs étrangers embauchés n’étaient toujours pas en poste. En 2020, seulement 33 % de ces travailleurs sont arrivés alors que des travailleurs manquants, quelques-uns seulement sont arrivés en 2021 après un an et demi d’attente.

Pour Les Cèdres de Beauce, la situation occasionne une perte de 30 % de revenus à ce jour, sans compter la pression des clients qui attendent impatiemment leurs services. Seulement 9 des 15 travailleurs demandés pour le 1er avril 2021 sont en poste. Qu’advient-il des six autres ? La chaîne de traitement bloque à divers endroits, notamment dans les ambassades du Canada à l’étranger. Même s’il s’agit de travailleurs agricoles normalement priorisés, les arrivées sont retardées.

Rappelons que les entreprises déboursent des milliers de dollars pour embaucher ces travailleurs, sans compter les heures consacrées à la gestion administrative de chaque demande dans un processus répétitif qui se complexifie d’année en année.

Elles sont en plus privées de cette main-d’œuvre essentielle, sans aucune certitude que les démarches leur assureront l’arrivée de ces employés.

À quoi servent les ententes entre le Canada et le Mexique si, en fin de compte, les délais sont déraisonnables au point que des travailleurs étrangers sont privés d’un emploi et que des entreprises d’ici sont prises en otage dans un système mal adapté à la réalité ? Pourtant, bon nombre de ces travailleurs étrangers sont expérimentés et ont répondu à toutes les exigences d’IRCC au cours des dernières années. Pourquoi ne pas simplifier la démarche et réévaluer le dossier seulement après cinq ans ?

Après une année qui a bouleversé bien des milieux de travail, les entrepreneurs, tout comme leurs précieuses équipes, sont à bout de souffle. La situation est plus critique que jamais. Même si des efforts répétés ont été consentis pour sensibiliser le gouvernement par diverses instances économiques et politiques, des contrats continuent d’être refusés chaque semaine en Beauce et les pertes annuelles représentent plusieurs millions de dollars.

Il est temps que le gouvernement fédéral, tout comme IRCC responsable de ce coûteux cafouillage, règle la situation et revoie ses façons de faire afin que des solutions efficaces et durables puissent être instaurées, et ce, à très court terme.

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