L’auteur s’adresse au premier ministre canadien, Justin Trudeau

Monsieur le Premier Ministre, le 15 juillet, vous avez défendu le droit des Cubains de « s’exprimer et de faire entendre leur voix » et appuyé leurs demandes de vivre dans un pays démocratique. Vous avez dit : « Nous nous tiendrons toujours aux côtés du peuple cubain. »

Je vous remercie de soutenir mes compatriotes qui se sont battus dans les rues, partout au pays. Ils ont fait face à une répression sans précédent au cours des 62 dernières années. Le masque gentil et romantique de la Révolution cubaine est tombé pour toujours.

Monsieur le Premier Ministre, c’est le moment de passer de la parole aux actes. Le moment est venu de montrer au gouvernement cubain que le Canada se tient fermement à côté de ceux qui luttent pour la liberté. Vous avez aussi l’occasion de démontrer aux Canadiens que vous avez le courage de vos convictions.

Voici quelques mesures concrètes que votre gouvernement pourrait prendre immédiatement pour appuyer le mouvement de contestation à Cuba :

  • interdire aux entreprises canadiennes de faire affaire avec des entreprises cubaines contrôlées par l’armée, notamment CIMEX, Habaguanex S.A., GAESA, Gaviota et Unión de Industria Militar (UIM) ;
  • imposer des sanctions contre des membres clés du gouvernement de Cuba en vertu de la Loi sur les mesures économiques spéciales ;
  • et ajouter Cuba sur la liste de pays pour lesquels il est conseillé d’éviter tout voyage, car il existe un risque extrême sur le plan de la sécurité personnelle des Canadiens.

Sur le plan international, vous pourriez demander à nos alliés européens et d’autres gouvernements amis de prendre des mesures similaires pour envoyer un message très clair à l’élite qui gouverne Cuba. Elle doit quitter le pouvoir et ouvrir la porte à une transition démocratique, faute de quoi la pression internationale sur le régime deviendra intenable.

Plus d’une semaine après le début des manifestations, des centaines de Cubains sont encore détenus. Les autorités cubaines ont promis des processus expéditifs. Les accusés pourraient être condamnés à des peines de 20 ans de prison.

Monsieur le Premier Ministre, je vous prie aussi d’exiger de La Havane la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées et détenues depuis les protestations pacifiques du 11 juillet. Vous pourriez du même coup demander au président de Cuba, celui qui a donné à ses partisans l’« ordre de combattre », d’arrêter la répression, notamment celle exécutée par des groupes paramilitaires et des agents de sécurité de l’État habillés en civil.

Nous sommes moins de 40 000 Cubains à avoir le statut de citoyen au Canada. On ne vous fera pas remporter les prochaines élections. Notre poids démographique est négligeable à côté d’autres communautés culturelles.

Pourtant, Cuba reste un pays aimé des Canadiens. Des centaines de milliers choisissent l’île chaque année pour leurs vacances. Les décisions que le Canada prendra pour démontrer son soutien au peuple cubain pourraient donc avoir un impact très important sur son avenir.

Monsieur le Premier Ministre, vous pouvez passer à l’histoire comme un défenseur de la liberté et de la démocratie, ou comme un complice de la brutalité d’un régime en faillite. Je suis persuadé que vous prendrez la bonne décision.

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