La riche production audiovisuelle et musicale du Québec est le fruit de politiques-cadres apparues dans les années 80. En effet, les radios et télés au Canada doivent respecter une licence, qui, entre autres, leur impose d’investir et de diffuser dans notre télé, notre cinéma et notre musique. La culture québécoise a ainsi pu fleurir et rayonner jusqu’à ces dernières années.

La loi C-10 vise simplement à ce que ces mêmes principes s’appliquent aux services que de plus en plus de Québécois et de Canadiens utilisent. Et tout le monde sait qu’en ce moment, contrairement à nos stations de télé et de radio, il y a une quantité insignifiante de notre extraordinaire contenu québécois sur ces plateformes…

Représentant les gens de Longueuil à Ottawa pendant 8 ans, j’ai répété ad nauseam l’urgence de travailler sur la mise à jour de cette règlementation.

La loi C-10, bien qu’imparfaite aux dires mêmes du ministre Steven Guilbeault, était une réforme attendue depuis des lustres.

Le chef du Parti conservateur, Erin O’Toole, et sa bande, ont plutôt choisi de faire peur aux Canadiens anglais sur la liberté d’expression qui aurait été menacée par C-10. C’était bien davantage un excellent thème pour faire des levées de fonds et ainsi fouetter l’enthousiasme des membres du parti sur un sujet idéologique ultra fertile dans l’Ouest canadien. On est bien loin de Brian Mulroney.

Mais en cautionnant cette campagne de peur sur C-10 dans le ROC, en suivant la ligne de parti, et pour finalement voter contre la loi C-10, les dix députés conservateurs du Québec, mentionnés plus bas, ont mis en danger l’existence même de la culture québécoise sur les plateformes de plus en plus dominantes que sont Netflix, Spotify et cie.

Dix députés québécois ont ainsi délibérément choisi de se pincer le nez en reprenant le discours des conservateurs du Rest-of-Canada, au péril de notre culture.

Le premier en cause est Richard Martel, qui à titre de lieutenant du Québec ayant cautionné le travail d’obstruction de son parti en comité parlementaire sur le patrimoine, a sciemment choisi de ne pas revendiquer une ligne de parti ou à tout le moins, un vote libre sur cet enjeu si particulier pour notre identité, notre langue française, notre culture, pour nous.

Alors qu’en diront les gens de Chicoutimi-Le Fjord ? Retiendront-ils que Martel a contribué à faire disparaître leur culture québécoise des écrans ?

Et il en va malheureusement de même pour son prédécesseur, l’ex-lieutenant du Québec (excellent à l’époque d’ailleurs), Alain Reyes qui connait pertinemment l’étendue des dommages provoqués par ce manque de courage qu’il aurait fallu pour se tenir debout et affirmer qu’au Québec, n’en déplaise à ses collègues anglo-canadiens, les politiques de quotas culturels doivent se conjuguer aux nouvelles technologies. Quelle déception pour les bonnes gens de Richmond-Arthabaska que Reyes représente, alors que le ministère du Patrimoine à Ottawa estime la perte de contributions des géants du web à 70 millions pour chaque mois d’opération non règlementée ! La saga de la fameuse entente Netflix, après des années de consultite libérale, remonte à plus de 4 ans. Grosso modo, on peut évaluer le manque à gagner à 3,5 milliards !

Huit autres députés conservateurs au Québec devront aussi assumer ce manque de courage.

Du côté de la Capitale nationale, les téléspectateurs de District 31, de L’échappée ou de Y’a du Monde À Messe qui s’ennuieront de la télévision dans laquelle ils se retrouvaient pourront blâmer Pierre Paul-Hus et particulièrement Steven Blaney, qui ayant d’ailleurs siégé à mes côtés au comité parlementaire du patrimoine, ne peut pas plaider l’ignorance.

Malaise ou stratégie ? On remarquera que Gérard Deltell n’a pas voté sur le projet de loi C-10. Ni contre, mais ni pour… Pas fort.

Que diront les commettants des belles régions du Québec que sont Portneuf à leur député Joël Godin ou ceux du Bas-du-Fleuve, Montmagny-Kamouraska-Rivière du Loup qui ont élu Bernard Généreux. Les gens de la Beauce avec Richard Lehoux et aussi ceux de Mégantic-L’Érable avec Luc Berthold ne sont pas en reste, alors que ce dernier se joignait à moi pas plus tard qu’il y a deux ans, pour obtenir les excuses de Netflix…

Ces 10 députés conservateurs ont tous voté contre nos histoires dans les écrans ! Même le petit-cousin de Yanni Gourde du Lightning de Tampa Bay, le député Jacques Gourde, aura contribué à fragiliser le job et l’émission hebdomadaire de son ami d’Infoman, Jean-René Dufort !

Alors que plus que jamais on veut entendre les voix autochtones, alors qu’on ne cesse de parler du recul du français, spécialement chez les jeunes générations qui ne connaissent que ces plateformes, (n’y a t’il pas là un lien évident ?) que d’irresponsabilité ! Que de partisanerie crasse au détriment de notre bien commun.

Souhaitons que la devise du Québec revienne en tête des Québécois lors du prochain scrutin : « Je me souviens »… de ma culture.

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