Cette semaine, la nomination de la leader inuite Mary Simon au poste de gouverneur général du Canada marque l’histoire du pays ; une annonce émouvante et porteuse d’espoir, en cette période où nous vivons un deuil national en raison des nombreuses tombes anonymes d’enfants découvertes près d’anciens pensionnats autochtones.

Cette actualité me fait repenser au défi que j’avais lancé aux dirigeantes et dirigeants d’entreprises dans un texte publié en 2017. Un défi indispensable pour soutenir et accélérer l’inclusion de la diversité et du talent autochtones.

Dans le temps, le Conseil national de développement économique des autochtones avait publié un rapport qui dévoilait que le PIB du Canada bénéficierait de 27,7 milliards de dollars additionnels, chaque année, si les barrières empêchant les autochtones de participer pleinement à l’économie tombaient. Juste au Québec, ce montant s’élèverait à 1,7 milliard.

Aux mêmes dates, le premier ministre Justin Trudeau avait lancé un chantier concernant l’employabilité des jeunes issus de groupes sous-représentés. Le ministère fédéral de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et du Travail m’avait alors demandé de faire partie de son groupe d’experts composé de huit personnes, un engagement que j’avais accepté en raison des liens étroits avec la mission de Fusion Jeunesse, où l’employabilité, au côté de la persévérance scolaire et de l’engagement civique, est un pilier. En quelques mois, j’ai eu l’occasion de rencontrer et d’écouter des centaines de citoyens, d’organismes et d’entreprises. Avec mon équipe, nous avons également consulté 200 jeunes provenant de 17 communautés autochtones – cries, inuites, mohawks et innues – avec lesquelles nous travaillons toute l’année scolaire.

Les constats étaient clairs et unanimes : ces jeunes font trop souvent face à des obstacles majeurs à l’emploi, notamment le racisme, le manque d’occasions ou les inégalités criantes dans l’accès aux ressources les plus élémentaires pour favoriser la formation et l’éducation postsecondaire.

Comme je l’ai fait en 2017, je vous pose la question suivante : combien d’employés autochtones avez-vous dans votre équipe ? La réponse sera possiblement « aucun » ou « pas assez ».

Briser les barrières auxquelles les autochtones font face sur le marché du travail n’est pas seulement une question économique. En tant que Québécois et Canadiens, nous nous devons d’agir pour assurer l’égalité des chances pour tous ; c’est un enjeu éthique que nous avons négligé depuis trop longtemps. En tant qu’employeurs, nous nous devons de mieux comprendre ces barrières et ces obstacles afin d’offrir des occasions à ces personnes talentueuses qui, de par leur nom et leur origine, ne se rendent même pas à la première entrevue. La solution est entre nos mains.

Je vous lance donc ce défi de former vos équipes en ressources humaines et de leur fournir tous les outils nécessaires afin d’augmenter significativement le nombre d’autochtones au sein de votre entreprise.

En ces temps où plusieurs industries font face à un manque de main-d’œuvre qualifiée alarmant, une telle démarche sera véritablement bénéfique pour toutes et pour tous. Plus que jamais, le temps est venu d’agir, de briser toutes ces barrières et de remettre au cœur de nos stratégies l’inclusion de tous les talents. Qui plus est, soutenons les jeunes entrepreneurs autochtones qui veulent créer des entreprises et des emplois.

Mme Mary Simon, recevez toutes nos félicitations. L’équipe de Fusion Jeunesse a hâte de collaborer avec vous afin de continuer à éveiller les passions des jeunes dans toutes les communautés autochtones avec qui nous avons le privilège de collaborer depuis plus de 10 ans.

* Cofondateur, Robotique FIRST Québec, ex-président de la Jeune Chambre de commerce de Montréal (2015-2016), membre du Groupe d’experts sur l’emploi chez les jeunes du ministère fédéral de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et du Travail (2016-2017)

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion