Comme l’été dernier, les cyclistes sont toujours très nombreux à ne pas respecter l’obligation de descendre de leur vélo lorsqu’ils pénètrent dans la zone piétonne aménagée depuis le début du mois de juin sur une section de la rue Bernard, à Outremont. Et la plupart d’entre eux roulent vite.

Nous, piétons, piétonnes et cyclistes respectueux des règles qui fréquentons ce lieu, constatons chaque jour que les enfants qui s’amusent dans la rue risquent de se faire heurter par des cyclistes pressés, téméraires ou distraits. Un enfant est imprévisible et peut se déplacer en une fraction de seconde dans n'importe quelle direction. Depuis un mois, plusieurs d’entre nous ont assisté à des évènements qui auraient pu être sérieux entre cyclistes et enfants.

Il y a parmi nous un certain nombre de personnes âgées qui, parce que leurs réflexes sont moins aiguisés qu’avant, parce qu’elles ont des problèmes de mobilité ou pour toute autre raison, ont peur des cyclistes, même lorsqu’ils ou elles roulent lentement.

Lorsque nous sommes dans la zone piétonne et que nous demandons aux cyclistes de marcher à côté de leur vélo, nous avons la plupart du temps droit à toute la panoplie des excuses.

« Je ne roule pas vite. »

« Je ne savais pas. »

« Je ne vous ai pas menacé. »

« Êtes-vous policier ? » (ça vous prend un policier ?)

Nous avons aussi souvent droit aux insultes, mais passons…

Vous roulez lentement ? À quelle vitesse détermine-t-on qu’un cycliste gêne les piétons ? Surtout : est-ce aux cyclistes à décider ce qui effraie ou indispose un piéton ?

Depuis l’aménagement de la zone piétonne au début de juin, nous tentons de sensibiliser l’administration de l’arrondissement à la problématique que nous vivons, notamment en demandant une meilleure surveillance. Il aura fallu trois semaines pour que de rares policiers commencent à patrouiller et à donner (parcimonieusement !) des contraventions.

Policiers et agents de la sécurité publique nous disent pourtant recevoir un grand nombre de plaintes. Mais l’administration municipale refuse toujours d’autoriser les agents de la sécurité publique à donner, comme les policiers, des contraventions, chose que ces derniers, témoignages à l’appui, aimeraient pourtant bien faire. On dit préférer la « sensibilisation ». Mais les cyclistes ne sont pas différents des autres citoyens. Lorsqu’une situation perdure, il faut parfois passer à la coercition (par exemple, une signalisation indiquant clairement que les contrevenants s’exposent à une amende de 120 $ ferait, selon nous, des miracles !). En favorisant les cyclistes au détriment des piétons, l’administration nourrit l’acrimonie des piétons et empêche toute cohabitation harmonieuse.

Un récent rapport de Vélo Québec indique qu’il y a maintenant 250 000 cyclistes de plus qu’en 2015. Tant mieux : plus il y aura de gens qui font du vélo et de la marche une activité régulière, mieux se portera notre société. D’ailleurs, plusieurs d’entre nous ne possèdent pas d’automobile. Les droits viennent toutefois avec des responsabilités, notamment celle de respecter les autres usagers de la route ; 250 000 cyclistes, c’est actuellement des dizaines de milliers de cyclistes de plus qui font fi des règles et roulent sur les trottoirs et dans les zones piétonnes.

Cyclistes, nous sommes sincèrement heureux pour vous que vous ayez maintenant vos espaces sécurités (safe spaces). Il est toutefois bien dommage qu’une proportion importante d’entre vous nous empêche aujourd’hui d’avoir les nôtres.

*Cosignataires : Manon Chevalier, Lucie Desaulniers, Christianne Dubreuil, Catherine Jazbinsek, Pierre Joncas, Francine Lavoie, Helenka Madjarevic, Normand Montour, Rosane Ouellet, Dominique Sterlin, Tatiana Tourville

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