Voici l’histoire de la petite-fille d’une grand-mère autochtone de Mashteuiatsh qui a toujours eu honte de ses racines. 

Je suis née au Lac-Saint-Jean en 1989. Je suis la deuxième enfant d’une famille de trois. Quand je suis née, je ne ressemblais à personne, mais en même temps, mon visage ressemblait à celui d’un peuple qui autrefois était maître de son territoire.

Mes parents se sont souvent fait demander s’ils m’avaient adopté étant donné que j’avais des traits asiatiques comparativement à eux. Pourtant, mes racines ne proviennent pas d’origines chinoises, mais bien des Premières Nations de notre pays.

J’ai toujours été différente (surplus de poids important). Mon parcours scolaire (primaire, secondaire) n’a pas été de tout repos, mais j’avais une personne qui était là pour m’épauler : mon papa !

Mon papa se nomme Sylvain Dufour, il est le digne fils d’une mère qui a toujours eu honte de son identité et d’un père toujours heureux même dans les jours tristes. Malgré une grande pauvreté et beaucoup de moments malheureux, mon père a réussi à obtenir un diplôme de criminologie à l’Université de Montréal. Il a eu une très belle carrière ; mon papa est une personne déterminée et ambitieuse.

Toutefois, si je me mets un instant dans la tête de mon papa, je sais que sa plus belle réussite est d’avoir été PAPA. En effet, quand on imagine un père parfait… « bin », c’est le mien qu’on voit !

Mon père a toujours été présent dans toutes les sphères de ma vie. En effet, il m’a offert des soins dentaires. Il a payé ma scolarité et m’a aidée financièrement pour un déménagement, pour l’achat d’une voiture et, finalement, pour concrétiser mon rêve d’avoir une maison.

Afin de montrer à quel point il est un homme de grande valeur, il a mis de côté ses sentiments en m’obligeant à m’expatrier de ma région natale afin que je vole de mes propres ailes et que je développe mon autonomie.

Mon père n’était jamais sorti du pays avant l’âge de 54 ans, mais il a fait en sorte que ses enfants ne portent aucun jugement sur les autres.

Je remercie mon papa de m’avoir fait aimer le journal La Presse, car il va rester pour moi une assise de mon vécu familial.

Aujourd’hui, j’ai fait un énorme constat quant à mes origines. Pour avoir évolué dans les deux milieux (région et métropole), c’est avec tristesse que je me rends compte que les communautés autochtones en région sont beaucoup plus soumises au racisme que les nouveaux cocos que j’accueille et que j’aime tous les jours à mon école.

Je terminerai avec ceci… Mon PAPA à moi a finalement réussi à aider et à faire cheminer un grand nombre d’individus au cours de sa vie et il continue :

  • il a travaillé une trentaine d’années comme agent de probation ;
  • il a occupé un poste d’intervenant à la maison Carignan ;
  • il a produit des rapports Gladue pour sa nation ; et finalement…
  • il s’envolera à plus de 500 kilomètres de Sept-Îles, avec sa femme (ma maman) vers une communauté innue qui a grandement besoin d’aide.

Mon papa, c’est… une personne en or !

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