Dans le Grand Montréal, les bouchons de circulation et les casse-têtes liés à la signalisation routière qui suscitent l’indignation des citoyens font constamment les manchettes et déclenchent les promesses de nos dirigeants. Pourtant, plusieurs autres obstacles à la libre circulation et aux activités de la vie quotidienne sont laissés dans l’ombre et ceux qui en subissent les conséquences tombent encore et toujours dans l’oubli.

À la veille des prochaines élections municipales, 39 organismes élèvent leurs voix et proposent des solutions concrètes en matière d’accessibilité universelle, dans l’espoir que les prochains élus du Grand Montréal fassent des actions concrètes et structurantes pour ces personnes invisibles et permettent à ceux et celles ayant une limitation fonctionnelle de s’approprier leur ville.

Pour tous ?

Une portion aussi importante que le tiers des Québécois âgés de 15 ans et plus sont loin de se sentir maîtres dans leur propre ville. Et l’accessibilité universelle ne s’adresse pas qu’aux personnes ayant un handicap, elle répond aussi aux enjeux rencontrés entre autres par les aînés, les jeunes familles, les personnes immigrantes ou ayant un plus faible niveau de littératie.

Le Collectif AU représente ainsi ces centaines de milliers de citoyens pour qui accomplir les tâches les plus élémentaires du quotidien demande parfois planification, détours et soutien, en raison d’une limitation fonctionnelle temporaire ou permanente.

Ils sont ceux qu’on dépasse en vitesse en dévalant les escaliers du métro, ceux pour qui, faute d’ascenseur, la descente sera longue et périlleuse.

Ils sont ceux qui se déplacent à une épicerie située plus loin de leur résidence vu l’absence de rampe d’accès et de portes automatiques à celle du coin de la rue, ceux qui peinent à trouver un logement adapté à leurs besoins.

Évidemment, l’accessibilité universelle ne se résume pas à des enjeux d’architecture et d’urbanisme. Elle s’étend aux communications, aux programmes, aux services et aux emplois. La vérité, c’est que malheureusement, tous ne disposent pas des mêmes possibilités. Il est beaucoup plus difficile pour certains d’être retenus après une entrevue d’embauche, de se procurer un permis ou de comprendre les informations couramment transmises sur divers services desquels ils pourraient autrement bénéficier.

Pourtant, ces mêmes personnes contribuent de plusieurs façons à la vitalité du Grand Montréal. Ce sont des pères et des mères de famille, des travailleurs actifs, des contribuables, des électeurs, des universitaires ou encore des entrepreneurs. Alors qu’ils sont si nombreux, pourquoi entendons-nous si peu parler d’eux ? Comment se fait-il que leurs enjeux soient absents des débats et des plateformes électorales ? Visiblement, leurs problèmes d’accès ne s’arrêtent pas aux portes des hôtels de ville.

Accessibilité universelle : de l’abstrait au concret

Les discours concordent pour reconnaître qu’être en situation de handicap ne limite ni les droits ni l’égalité des chances. La réalité, elle, propose des constats contradictoires. Pourtant, un éventail de solutions s’offre à nos élus municipaux pour améliorer l’accessibilité et permettre à tous les citoyens de réaliser les mêmes activités de façon autonome.

Nommer un élu responsable de l’accessibilité universelle dans chaque instance décisionnelle ou développer un mécanisme pour impliquer les personnes handicapées lors des processus consultatifs figurent parmi les exemples de solutions simples, proposées par notre Collectif, qui permettraient aux municipalités du Grand Montréal de mieux comprendre, identifier et prendre en compte les besoins de l’ensemble de leurs citoyens, et ce, dans toutes les sphères d’activité qu’elles mènent.

Si l’inclusion s’annonce être un thème phare de la prochaine campagne électorale municipale, notamment en matière de relance économique, assurons-nous de ne pas galvauder cette belle prémisse grâce à laquelle nous pourrions tant accomplir. En 2021, l’accessibilité universelle, c’est essentiel. Ensemble, choisissons de lever les obstacles !

* Elsa Lavigne signe la lettre au nom du Collectif accessibilité universelle.

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